Les souks d'Agadir sont-ils en voie d'islamisation? (Photo:Calin Chiorean/Flickr/CC BY NC-ND 2.0)
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Maroc: Deux filles inculpées pour port de mini-jupes

Rabat, 25 juin 2015 (Apic) L’indignation est en son comble au Maroc, après l’inculpation pour «outrage public à la pudeur» de deux jeunes filles qui faisaient leurs courses en mini-jupes. Elles doivent comparaître le 6 juillet 2015 au tribunal d’Agadir, dans le sud-ouest du pays.

Elles encourent une peine d’emprisonnement d’un mois à deux ans, et une amende de 120 à 500 Dirhams (de 11 à 48 francs suisses), selon l’article 483 du code pénal marocain, rapporte le 25 juin la version francophone du journal en ligne américain Huffington Post.

L’affaire suscite une vague d’indignation au Maroc, notamment à cause de son caractère religieux et parce que les jeunes filles sont passées du statut de victimes à celui de coupables. Le 18 juin dernier, le quotidien local «Assabah» rapportait qu’une foule en colère avait encerclé, la veille, les deux jeunes filles dans un souk, parce qu’elles portaient des tenues «contraire aux bonnes mœurs».  Alertée, la police s’est rendue sur les lieux. Mais, au lieu de protéger les deux jeunes femmes, elle les a conduites au commissariat, puis chez un juge.

Esprit «daechiste» rampant

Les organisations de défense marocaines des droits humains se sont saisies du dossier et ont mené une mobilisation pour les jeunes filles. «Avec cette affaire, la violence dans l’espace public est institutionnalisée et approuvée par la justice», a souligné Fouzia Assouli, présidente de la Ligue démocratique des droits des femmes (LDDF).

Bouthaina ElMakoudi, militante des droits de l’Homme, a posté une vidéo dans laquelle elle fustige «cet esprit ‘daechiste’ qui rampe vers le Maroc et qui pourrait prendre une grande ampleur en limitant la liberté des citoyens (…) Ce n’est pas juste l’histoire de ces deux filles, c’est une menace générale pour les libertés individuelles».

Poussée d’extrémisme dans la région

Le procès des deux filles n’est pas un cas isolé, dans la région d’Agadir. Quelques jours après leur arrestation, une pancarte blanche sur fond noir, portant l’inscription: «Respect Ramadan No Bikinis», a été érigée sur la plage d’Anza. Elle interdit aux marocaines et aux étrangères de bronzer en maillot de bain, par respect pour le mois de jeûne du Ramadan.

Le 22 juin dernier, deux hommes soupçonnés d’homosexualité ont été tabassés et arrêtés par la police, près d’Agadir. (apic/ibc/huffp/rz)

Les souks d'Agadir sont-ils en voie d'islamisation?
25 juin 2015 | 17:20
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Daech (159), islamisation (14), Maroc (59)
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