Marawi: les terroristes utilisent des enfants comme boucliers humains
L’armée philippine a presque totalement repris la ville de Marawi, attaquée il y a quelques jours par des djihadistes. Les derniers terroristes se sont toutefois barricadés avec des civils, dont des enfants, qu’ils utilisent comme boucliers humains.
Des dizaines de combattants, prétendument issus du groupe islamiste philippin Maute, ont pris d’assaut, le 23 mai 2017, la ville de Marawi, sur l’île méridionale de Mindanao. Ils ont pris en otages des centaines de personnes, dont le prêtre catholique Teresito Suganob, et incendié plusieurs lieux de culte chrétiens. Le gouvernement, après avoir décrété la loi martiale sur toute l’île de Mindanao, a envoyé ses troupes pour libérer la ville. Au 1er juin 2017, les forces philippines ont repris presque l’ensemble de la cité de 200’000 habitants. Seuls quelques 50 à 100 militants demeurent barricadés dans les dernières maisons qu’ils contrôlent. Ils y détiennent plus de 200 otages dont des femmes, des enfants, le prêtre enlevé et une quinzaine de fidèles catholiques, rapporte l’agence d’information vaticane Fides.
Selon des données officielles, les combats auraient déjà fait au moins 174 morts.
L’œuvre de Daech?
Le président philippin, Rodrigo Duterte, a affirmé le 1er juin que l’attaque de Marawi n’était pas l’œuvre du groupe de djihadistes locaux du groupe Maute, mais bien une initiative de l’Etat islamique en Irak et en Syrie (Daech, selon son acronyme arabe). Pour le président, l’attaque a en effet été planifiée de longue date par cette organisation étrangère à laquelle Maute a fait allégeance.
De fait, plusieurs éléments plaident en faveur de l’analyse du président philippin et de ses généraux, note le 1er juin Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris. Avant même d’être en difficulté dans ses bases d’Irak et de Syrie, Daech a fait de l’Asie du Sud-Est un de ses objectifs principaux. Avec des pays à majorité musulmane comme l’Indonésie et la Malaisie, des régions comme le Sud thaïlandais ou le Sud philippin en proie depuis des décennies à des conflits séparatistes armés, l’Asie du Sud-Est est une région tout indiquée pour une organisation qui cherche à étendre son influence au-delà des frontières du monde arabe. Et la réponse des milieux islamistes à la propagande de Daech sur les réseaux sociaux a été de fait importante: aujourd’hui, une trentaine de groupes armés de la région ont prêté allégeance à Daech.
Les djihadistes tentent de s’implanter
Le nombre d’attentats revendiqués par l’organisation commis en Indonésie et aux Philippines en 2015 et en 2016 pourrait être le signe de son implantation toujours plus forte dans la région. Mais dans le cas philippin, Daech semble surtout en mesure de s’attacher des groupes visibles et capables de coups d’éclat, comme Abou Sayyaf ou les hommes du BIFF (Bangsamoro Islamic Freedom Fighters). Ces groupes sont cependant insuffisamment structurés pour entrer dans une logique de conquête territoriale, affirme EdA. Un mouvement comme celui des frères Maute compterait parmi ses membres une forte proportion de combattants étrangers, malaisiens et indonésiens notamment, qui manquent d’implantation locale durable et forte. (cath.ch/fides/eda/rz)