Mali: situation «particulièrement préoccupante» pour les chrétiens
Les chrétiens du Mali sont dans une situation «particulièrement préoccupante», prévient l’Aide à l’Eglise en détresse (AED). Harcelés par les islamistes, ils doivent faire «très attention» à la façon dont ils pratiquent leur foi.
Le Mali est l’un des pays les plus durement éprouvés par la violence extrémiste religieuse. Il fait face depuis 2012 à la menace des groupes radicaux musulmans. Ces derniers rallient de plus en plus de responsables musulmans à leur cause.
Ils utilisent également de plus en plus la faim comme une arme, explique l’organisation catholique Aide à l’Eglise en détresse (ACN-AED) dans un rapport du 30 novembre 2021. Cela pour forcer les populations rurales à rejoindre leurs rangs ou à abandonner leurs terres pour ensuite les occuper. Ceux qui ont déjà récolté leurs rizières sont empêchés d’apporter la récolte au marché. Ceux qui refusent d’obéir aux ordres des extrémistes voient leurs champs incendiés et risquent d’être assassinés.
Les chrétiens harcelés
Les islamistes du Mali exercent aussi une forte pression sur les non musulmans, notamment les chrétiens. «Même là où ils (les chrétiens, ndlr.) ne sont pas la cible directe d’agressions physiques, certains imams lancent constamment contre eux des attaques verbales dans leurs prédications».
Ces imams, qui partagent l’idéologie djihadiste, mènent fréquemment contre les chrétiens des campagnes de menaces personnelles, en particulier par des appels téléphoniques anonymes. Cette forme de harcèlement instaure une psychose chez les chrétiens. Leur liberté religieuse et de déplacement se voit ainsi réduite. Par mesure de sécurité, les prêtres (évêques, curés, religieux et religieuses) ne peuvent plus passer la nuit dans les villages, a déclaré à l’ACN-AED, une source anonyme. Dans certaines localités, les chrétiens n’osent même plus se rendre à la messe. (cath.ch/ibc/aed/rz)
Insécurité permanente
Les djihadistes, composés de plusieurs factions, ont occupé jusqu’en 2013 les régions maliennes du nord, de Gao, Tombouctou et Kidal. Ils y ont établi une forme d’Etat islamique, imposant la charia (loi islamique).
Délogés en 2013 par une intervention militaire française, ils se sont dispersés dans la zone, et ont constitués des groupes qui mènent des attaques régulières contre les populations civiles et les soldats. Les djihadistes ont réussi à créer une atmosphère de profonde insécurité dans le nord du pays, qui s’est progressivement étendue au centre et au sud.
Ces attaques ont provoqué une situation humanitaire inquiétante. Dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, l’ONU a estimé que 4,7 millions de personnes vivant dans les régions sous menaces ou influence djihadiste et environ 400’000 autres déplacées, dont la moitié dans la région centrale, ont besoin d’une assistance humanitaire. IBC