Malgré le contexte difficile, l'épiscopat français invite à participer aux élections européennes
Les élections au Parlement européen de mai 2019 se déroulent dans un contexte difficile, tant au plan national qu’européen, estime le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France. Les évêques invitent cependant les citoyens à participer aux élections européennes.
«Dire que l’Europe n’a pas bonne presse est une banalité: pour beaucoup de nos concitoyens, elle semble lointaine, technocratique, souvent inefficace», relèvent les évêques français.
Cependant, la Conférence épiscopale française (CEF) estime important d’inviter les catholiques, et au-delà l’ensemble des citoyens, à participer aux élections des députés au parlement européen. Elle les incite à s’exprimer, non d’abord sur des enjeux nationaux, mais en fonction des projets portés par les différentes listes qui se présenteront au suffrage des électeurs.
Non au manichéisme
«Il ne s’agit pas de s’enfermer dans un schéma manichéen (pour ou contre l’Europe) mais de dire quelle Europe nous voulons, le modèle économique, social, culturel et spirituel qui nous semble le plus adapté pour notre continent aujourd’hui».
Les pouvoirs du Parlement européen ont été accrus au fil des ans et nombre de décisions européennes influent sur la vie quotidienne, que ce soit par les politiques communes (agricole par exemple), l’échange des biens et services, la circulation des personnes, la mise en place d’une monnaie commune, l’harmonisation des réglementations, ou encore la politique commerciale internationale.
Un continent marqué par son histoire conflictuelle
L’Europe est un continent marqué par son histoire, douloureuse et conflictuelle. Pas moins de trois guerres franco-allemandes en moins d’un siècle, deux guerres mondiales y ont été déclenchées, les totalitarismes du XXème siècle y sont nés. L’Eglise catholique, peut-on lire dans le message de la CEF publié le 25 mars 2019, a toujours été attentive à la consolidation de la paix dans la construction européenne.
«Nous en voyons encore la fragilité, particulièrement après avoir commémoré le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, en nous souvenant des millions de morts qu’elle a entraînés. Si la paix en Europe semble aujourd’hui acquise pour les jeunes générations, rappelons-nous que la guerre est aussi à notre porte, hier dans les Balkans, aujourd’hui en Ukraine».
Valeurs et principes souvent issus du christianisme
«Cette histoire difficile et complexe a aussi permis de progresser en Europe vers une vision de l’homme et de la société qui comporte un grand nombre de valeurs et de principes communs entre nos pays (droits humains, respect de la personne, solidarité et recherche d’un bien commun), dont beaucoup sont issus du christianisme».
«Personne et communauté, comme le disait le pape François, sont donc les fondements de l’Europe que, en tant que chrétiens, nous voulons et pouvons contribuer à construire. Les pierres de cet édifice s’appellent: dialogue, inclusion, solidarité, développement et paix». (1)
La question des migrants
Chacun voit bien que certaines solutions ne peuvent être trouvées sur une seule base nationale. Ainsi en est-il de la question des migrants, note la CEF. Le pape François l’a rappelé aux responsables européens: «On ne peut pas penser que le processus migratoire soit un processus sans discernement et sans règles, mais on ne peut pas non plus ériger des murs d’indifférence ou de peur». (2)
Le monde n’est plus centré sur l’Europe
Un autre aspect que les évêques relèvent dans les enjeux actuels du débat européen est la question de la place de l’Europe dans le monde et dans le fonctionnement d’une économie mondialisée. L’Europe est attendue et regardée par d’autres pays et d’autres ensembles en construction (Amérique du Sud, Asie…).
«En vingt ans, le monde a profondément changé et il est clair qu’il n’est plus centré sur l’Europe. La question est bien de voir si ce que l’Europe a pu apporter au monde dans sa compréhension de l’homme, de sa dignité inaliénable, de ses droits fondamentaux, de sa capacité relationnelle et solidaire, pourra encore être affirmé demain et proposé comme un idéal sur d’autres continents». (3)
L’Europe a une mission dans ce monde globalisé
«Devant les mutations très rapides des équilibres géopolitiques entre les grandes puissances, si nous plaidons pour des relations internationales mieux organisées et davantage régulées, tant au point de vue politique qu’économique et commercial, c’est bien l’Europe, et sans doute elle seule aujourd’hui, qui peut en être la cheville ouvrière et le fer de lance».
«Nous avons à aider les citoyens européens à discerner la nature des choix à effectuer pour que l’Europe réponde davantage à leurs attentes mais aussi à sa mission propre dans l’évolution du monde». Et Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la CEF, et ses deux vice-présidents, Mgr Pierre-Marie Carré, archevêque de Montpellier, et Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis, d’inviter les catholiques de France et d’Europe à prier ensemble les saints patrons du continent européen pour ses habitants et ses élus (4). (cath.ch/cef/be)
(1) et (2) Discours du pape François lors du colloque «Repenser l’Europe», Rome, 28 octobre 2017
(3) Mgr Georges Pontier, président de la CEF, discours de clôture de l’assemblée des évêques à Lourdes, 8 novembre 2018
(4) Saint Benoit de Nursie, saints Cyrille et Méthode, sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse Bénédicte de la Croix