Le pape François a été accueilli à l'aéroport de Tananarive par le président Andry Rajoelina | © Keystone
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Madagascar: le pape met en garde contre une homogénéisation culturelle  

La mondialisation ne doit pas aboutir à une «homogénéisation culturelle» qui «méprise, enterre et supprime» le patrimoine des peuples, a déclaré le pape François le 7 septembre 2019 à Tananarive, la capitale de Madagascar. S’exprimant devant les autorités du pays, il a également souligné sa préoccupation pour la biodiversité de l’île.

Après avoir été accueilli le 6 septembre à l’aéroport de Tananarive par le président Andry Rajoelina, l’évêque de Rome a débuté sa visite à Madagascar par une visite de courtoisie au chef d’Etat. Les deux hommes se sont ensuite dirigés vers le Ceremony building pour y retrouver les autorités du pays. Alors que les deux chefs d’Etat s’avançaient, un orchestre d’enfants jouait le Va, pensiero tiré du Nabucco de Verdi.

Lutter contre la corruption et la spéculation

Là, le successeur de Pierre a ouvert son premier discours sur l’île en en louant «l’âme» malgache, pleine de «courage et d’abnégation». Il a aussi estimé que le pays aspirait à la stabilité et à la paix et avait enclenché une alternance démocratique positive. Toutefois, a-t-il prévenu, la politique est un défi permanent qui doit favoriser un développement digne. Le pape a ensuite poursuivi son discours en appelant à lutter contre les maux de l’île-continent, à commencer par des «formes endémiques de corruption et de spéculation» qui créent des conditions de pauvreté inhumaine.

Toutefois, le pontife argentin a prononcé ses mots les plus forts en s’adressant à la communauté internationale – représentée par le corps diplomatique accrédité à Madagascar. Si l’aide apportée à l’île permet son développement, la mondialisation économique – «dont les limites sont toujours plus évidentes» – ne doit pas déboucher sur une «prétendue culture universelle», qui «méprise, enterre et supprime» le patrimoine des peuples dans une «homogénéisation culturelle». Pour que le peuple malgache devienne «artisan de son propre destin», il faut respecter ses priorités, ses modes de vie et ses propres attentes.

Une biodiversité particulièrement menacée

Le pontife a également exprimé sa préoccupation pour la riche biodiversité de Madagascar, particulièrement menacée par la déforestation «excessive au profit de quelques-uns», le braconnage, la contrebande, les feux ou encore la coupe effrénée de bois précieux. Toutefois, a-t-il reconnu, ces activités destructrices permettent à toute une frange de la population de survivre provisoirement. Selon le pape, la sauvegarde de l’environnement ne peut se faire sans être liée à la justice sociale. Il faut ainsi selon lui une pleine garantie des droits de tous.

En s’exprimant avant le pape François, Andry Rajoelina a estimé qu’il s’agissait d’un «jour béni» pour son pays. La visite apostolique est une «démarche d’amitié» qui marque la «promesse que Madagascar n’est pas un pays oublié». Dans un discours aux tonalités très politiques, le président s’est engagé à tout faire pour redresser et reconstruire l’île, alors que depuis l’indépendance, en 1960, les habitants «ont sombré dans le désespoir, ont perdu leurs repères». C’est un témoignage de «patriote» plein de «passion», a commenté le pape dans sa propre intervention.

Après cette première rencontre, le pape doit se diriger vers un monastère de carmélites. Entouré d’une centaine de religieuses contemplatives, il y présidera l’office du milieu du jour pendant lequel il prononcera une homélie. (cath.ch/imedia/xln/rz)

Le pape François a été accueilli à l'aéroport de Tananarive par le président Andry Rajoelina | © Keystone
7 septembre 2019 | 10:43
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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