Decourtray, une vie trop courte

Lyon:Décès du cardinal Decourtray

Lyon, 14septembre(APIC) Le cardinal Albert Decourtray, archevêque de

Lyon, est décédé le………suite à l’hémoragie cérébrale dont il a été

victime lundi 12 septembre. Plongé dans un coma profond, il avait reçut les

derniers sacrements mardi(13 septembre). Mgr Decourtray s’était entre

autres illustré ces dernières années dans l’affaire Touvier et dans

l’affaire du carmel d’Auschwitz.

Albert Decourtray est né à Wattignies, dans le Nord de la France, le 9

avril 1923. Ordonné prêtre à Lille le 29 juin 1947, il poursuit ensuite ses

études à Rome , il en sort docteur en théologie et licencié ès-sciences

bibliques. L’année suivante, il est nommé directeur au grand séminaire de

Lille. En 1958, il est chargé des jeunes prêtres puis de la formation

permanente du clergé. A partir de 1965, Mgr Decourtray s’occupe, au plan

national, de la coordination des responsables de la formation des jeunes

prêtres. 7 ans plus tard, le 1er juin 1971, il est nommé évêque auxiliaire

de Dijon avant d’accéder trois ans plus tard au siège épiscopalde cette

même ville. Mgr Decourtray fut ensuite nommé archevêque de Lyon, Primat des

Gaules, le 5 novembre 1981, succédant au cardinal Alexandre Renard. Au

cours du Consistoire du 25 mai 1985, le pape Jean Paul II le nomme

Cardinal. Membre du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens et membre

du Conseil pontifical pour le dialogue entre religions, il est nommé, en

1986, membre du Conseil des cardinaux pour l’étude des problèmes

économiques et d’organisation du Saint-Siège. De 1987 à 1990, il sera

président de la Conférence épiscopale de France. Le cardinal a également

obtenu le Prix des Droits de l’Homme en 1987. Il est élu à l’Académie

Française le 3 juillet 1993.

Son tempérament affable et sont goùt de la simplicité, dont témoignent

ses passages répétés à «l’Heure de vérité», sur la télévision française ont

largement contribué à sa popularité. Se considérant lui même comme

«conservateur de l’avenir», le cardinal a régulièrement été à la une des

médias pour ses prises de positions franches et ne craignant pas la

contradiction.

Dans le cadre de l’affaire Touvier, il avait mis sur pied une commission

d’historiens charchée d’examiner les liens entre l’Eglise et le milicien de

Vichy Paul Touvier, inculpé de crimes contre l’humanité. Le cardinal avait

d’ailleurs ouvert les archives du diocèse de Lyon.

Son intérêt pour les relations entre juifs et catholiques s’était

notamment manifesté lors de l’affaire du carmel d’Auschwitz. Il fut

négocient et co-signataire de la déclaration signée à Genève en 1987 pour

le transfert du carmel hors de l’enceinte de l’ancien camp de concentration

d’Auschwitz-Birkenau. Un engagement qui lui avait valu le prix des droits

de l’homme de l’organisation juive Bnai Brith en 1991.

Ami du Liban, il s’était engagé contre la guerre en demandant aux

Français de répondre à l’appel du pape Jean Paul II et en se rendant en

pleine guerre dans ce pays martyr.

Sa prise de position en faveur de la guerre du Golfe, en 1991, n’avait

pas manqué de susciter de vives réactions parmi les catholiques français.

Il avait notamment déclaré: «S’il faut absolument choisir entre la guerre

et le déshonneur, entre la guerre et l’injustice, mieux vaut encore la

guerre, même si c’est le drame le plus épouvantable qu’on puisse imaginer.

En 1992, il méttait le peuple français en garde contre une «sorte de

nouvel hitler», le Front National de Jean-Marie Le Pen.

Au plan eclésial, Mgr Decourtray avait dû faire face notamment au schisme de Mgr Lefèbre.Il avait trouvé un arrangement et une église pour la

communauté intégriste, la Fraternité Saint Pierre. Une attitude qui lui

avait valu de nombreuses critiques.

15 septembre 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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