Lucerne veut abolir ses «privilèges pontificaux»
Les Verts lucernois demandent au canton de renoncer à tous «les privilèges pontificaux” dont il bénéficie encore. Ces droits pour la nomination d’un certain nombre de charges ecclésiales n’ont plus lieu d’être aujourd’hui.
Maurice Page avec kath.ch
Par un concordat avec le Saint-Siège datant de 1926, le gouvernement du canton de Lucerne possède un droit de nomination pour 20 postes ecclésiastiques. En novembre dernier, le gouvernement lucernois a décidé de limiter à quatre ses droits d’élection: ceux des collégiales Saint-Michel à Beromünster et Saint-Léodegar à Lucerne, ainsi que ceux de l’église jésuite de Lucerne et du chapelain du couvent de Saint-Urban.
L’écologiste Rahel Estermann a déposé au Grand Conseil un postulat demandant l’abolition de ces ›privilèges pontificaux’. Pour la députée, ces droits de nomination ne sont »plus adaptés à notre époque» et constituent «une coquille bureaucratique vide». Il n’est pas normal que le canton participe aux décisions dans les affaires ecclésiales alors qu’il n’en assume ni la responsabilité personnelle ni la responsabilité financière. Le postulat a également été co-signé par divers représentants d’autres partis. Le gouvernement dispose d’un an pour y répondre.
De fait, l’intervention politique de Rahel Estermann n’est pas nouvelle : en 2007 déjà, une courte majorité du parlement cantonal avait exigé l’abolition des privilèges pontificaux. Le gouvernement ne l’a finalement que partiellement mis en œuvre en 2023.
Couvent de St. Urban
Une autre situation ecclésiastique assez particulière préoccupe également le canton de Lucerne. En 1848, le canton de Lucerne a supprimé le monastère de St. Urban avant de l’utiliser comme hôpital psychiatrique. En 1872, il s’était engagé en contrepartie à prendre en charge la pastorale locale, l’église du couvent devenant alors paroissiale. Jusqu’à ce jour c’est donc l’Etat qui finance et qui gère la paroisse de St-Urban dont les fidèles ne sont pas soumis à l’impôt ecclésiastique comme ailleurs dans le canton.
L’entreprise aujourd’hui responsable de la clinique psychiatrique a également hérité de la gestion administrative de la paroisse. Ce dont elle voudrait se défaire.
Le canton doit proposer cette année encore une nouvelle solution. L’abrogation de la loi de 1872 pourrait se faire par une indemnité unique d’un montant de 6,6 millions de francs attribué à la paroisse. Charge à elle ensuite de se gérer elle-même et d’introduire le cas échéant un impôt ecclésiastique. L’usage de l’église du couvent restant garanti à la paroisse. (cath.ch/kath.ch/mp)