Un chemin de croix qui retrace l’histoire d’un continent

Lucerne: oeuvres de Pérez Esquivel pour l’Action de Carême (270891)

Lucerne, 27août(APIC) Le Prix Nobel de la paix 1980, l’Argentin Adolfo

Pérez Esquivel, a présenté mardi à Lucerne les quatorze tableaux et la tenture murale qu’il a réalisés et qui serviront des toiles de fond à la campagne de Carême 1992 des Actions de Carême de 14 pays européens et nordaméricains: «cinq cents ans d’oppression – cinq cents ans de résistance en

Amérique latine».

Quatorze tableaux pour quatorze stations, celles-là même du chemin de la

croix, que le Prix Nobel de la paix a transposé en chemin de croix de

l’Amérique latine. Une tenture enfin, synthèse des images du chemin de la

croix: le calvaire d’un continent à travers les formes et les couleurs.

«Par ma tenture, explique Pérez Esquivel, j’ai voulu symboliser les

souffrances et les espoirs du peuple latino-américain: son histoire, mais

aussi le présent: la lutte des paysans sans terre, les milliers d’enfants

abandonnés, le cri des femmes d’Ayacucho au Pérou et des Mères de la Place

de Mai à Buenos Aires, en Argentine (à la recherche de leurs disparus),

l’oppression des Indiens, les violations des droits de l’homme, les massacres,…»

Martyrs d’hier, martyrs d’aujourd’hui

Les martyrs d’hier côtoient les martyrs d’aujourd’hui, celui par exemple

de Linka Tupac Amare, écartelé par «les conquistadores», ou ceux de Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador, tombé sous les les balles des militaires le 24 mars 1980 et du Brésilien Chico Mendes, assassiné le 22 décembre 1988 pour avoir défendu la nature amazonienne.

Le Machupicchu, les temples mayas et la porte du soleil même n’ont pas

été oubliés, pas davantage que les Noirs d’Amérique latine, symbolisés par

la figure du leader noir brésilien Zumbi. Le passé et le présent se conjuguent sur la tenture de Pérez Esquivel: les usines et leur flot de pollution, la déforestation massive, les atteintes à la nature, les matraques et

les fusils pour réprimer les cris du peuple. Presque rien ne manque à la

tenture, et surtout pas l’espoir que symbolise le Christ ressuscité emmenant avec lui un peuple en marche vers l’avenir.

Une musique composée par Amanta, l’épouse du Prix Nobel de la Paix et

inspirée de la tenture et des 14 stations du chemin de croix de l’Amérique

latine ainsi qu’une brochure explicative et de réflexion complètent la campagne 1992, à laquelle s’associera, en Suisse, Pain pour le prochain.

(apic/pr/sjb)

27 août 1991 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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