L’organisation catholique intégriste Civitas menacée de dissolution
Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur français, a annoncé sa volonté de dissoudre l’organisation catholique Civitas, proche de l’extrême droite. Des propos antisémites tenus par un intervenant lors de l’université d’été de l’institut sont en cause.
«J’ai demandé à mes services d’instruire la dissolution de Civitas», a écrit Gérald Darmanin sur X (ex-Twitter), le 7 août 2023. Une démarche déclenchée par les propos de Pierre Hillard, essayiste adepte des théories complotistes, à l’occasion de l’université d’été de l’association, le 30 juillet, en Mayenne, rapporte le journal Le Monde.
«La naturalisation des Juifs en 1791 ouvre la voie à l’immigration», a expliqué Pierre Hillard. Il a ajouté: «Evidemment, si on veut rétablir les lois de catholicité, et qu’on fait du catholicisme traditionnel la religion d’Etat, peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789.»
Théories du complot
Civitas a été fondée en tant qu’association en 1999 et est devenue un parti politique en 2016. L’institut connaît un essor médiatique avec l’arrivée à sa tête en 2012 d’Alain Escada, militant d’extrême droite belge issu du courant national-catholique, ancien cadre du Front nouveau de Belgique (FNB). Civitas reprend globalement les thèses de l’extrême droite européenne et américaine, fustigeant aussi bien l’immigration, le mariage homosexuel, que les politiques anti-covid. L’association développe diverses théories du complot, affirmant notamment l’existence d’un «Etat profond» (deep state), dirigé par des «élites», en particulier les francs-maçons.
Pierre Hillard n’est pas membre de Civitas, mais gravite dans les mêmes cercles idéologiques. Dans une vidéo publiée sur TikTok, il décrit notamment la guerre en Ukraine comme «une bagarre entre différents clans d’élites juives», où les «goyim» (les non-Juifs) «sont la viande passée à la moulinette».
Nombreux éléments à charge
«L’antisémitisme n’a pas sa place dans notre pays. Je condamne fermement ces propos ignominieux et saisis le procureur de la République», affirme ainsi Gérald Darmanin suite aux propos tenus lors de l’université d’été. «Nous disposons contre cette organisation de tout un tas d’éléments, d’actions ou de propos, contraires aux valeurs de la République, a justifié au Monde l’entourage du ministre. Et pas seulement ces derniers propos.» (cath.ch/lemonde/ag/rz)