L'Islande «éradique» la trisomie…en éradiquant les trisomiques
L’Islande pourrait bientôt devenir le premier pays sans trisomique. La quasi-totalité des fœtus porteurs de trisomie 21 y sont en effet éliminés, rapporte mi-août 2017 le média américain CBS News.
En Islande, un pays de 330’000 habitants, seulement un ou deux enfants trisomiques naissent chaque année. La plupart du temps, ces naissances ont lieu suite à un échec des tests prénataux. Les Islandaises ont la possibilité d’avorter avant la 16e semaine de grossesse, si une infirmité a été détectée sur le fœtus. La trisomie 21 est incluse dans cette catégorie. Près de 100% des femmes qui apprennent que leur enfant va souffrir de ce handicap décident d’avorter.
«Une décision vraiment compliquée»
Le généticien islandais Kari Stefansson peut ainsi affirmer que «nous avons pratiquement éradiqué le syndrome de Down de notre société». Bien qu’il n’y ait selon lui «rien de mal a souhaiter des enfants sains», il se demande jusqu’où il est désirable d’aller dans cette direction. «C’est une décision vraiment compliquée», ajoute-t-il.
Selon le scientifique, le taux très élevé de ces avortements provient principalement d’un «processus de conseil des parents très poussé». Il n’estime cependant pas que ce service de conseil «musclé» soit désirable, car il a «un impact sur des décisions qui sortent du domaine médical». Il ajoute que, même si des trisomiques naissent avec des malformations de certains organes, beaucoup peuvent vivre sans problèmes de santé jusqu’à 60 ans et plus.
«Quel genre de société voulons-nous»?
«Ces enfants sont de précieux êtres humains façonnés à l’image de Dieu, et aucun individu ou gouvernement sur terre ne peut légitimement ôter la vie aux personnes trisomiques«, commente Jor-El Godsey, président du mouvement pro-vie Heartbeat International pour l’agence d’information américaine Catholic News Agency (CNA) . L’activiste américain recommande que les couples attendant des enfants atteints de ce handicap reçoivent de l’amour et du soutien plutôt que le conseil d’avorter.
L’article de CBS donne la parole à Thordis Ingadottir, une des rares femmes du pays à avoir accouché d’un bébé porteur du syndrome de Down. Pour elle également, le test prénatal avait échoué. Depuis la naissance de sa fille, il y a 7 ans, elle est devenue une activiste pour les droits des personnes trisomiques. Espérant que sa fille puisse trouver sa place dans le monde, Thordis se demande: «Quel genre de société voulons-nous?»
La grande majorité des fœtus trisomiques éliminés
L’avortement des fœtus trisomiques est largement répandu dans le monde. Beaucoup d’autres pays sont ainsi proches des taux islandais dans ce domaine. Presque 70% des fœtus à risque sont ainsi éliminés aux Etats-Unis, 77% en France et 98% au Danemark. En Suisse, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) est le seul établissement à récolter ces données. Mais une extrapolation à l’ensemble du pays permet d’estimer ce taux à 90%. (cath.ch/ag/rz)