«L'industrie électronique bafoue le droit du travail»
Le droit du travail reste un point sensible dans l’industrie des téléphones mobiles et des ordinateurs. C’est ce que dénoncent les œuvres d’entraide chrétiennes suisses Pain pour le prochain (PPP) et Action de Carême (AdC) dans un rapport publié le 20 novembre 2017.
Des étudiants exploités, des heures supplémentaires non-rémunérées et des salaires insuffisants pour en vivre. Dans l’industrie des téléphones mobiles et des ordinateurs, le droit du travail reste un point sensible. PPP et AdC pointent notamment les marques HTC et Huawei, le nouveau géant du secteur de la téléphonie mobile.
Il reste encore à ces derniers du pain sur la planche. C’est ce qui ressort du troisième classement que publient les œuvres d’entraide protestante et catholique concernant les dix entreprises de l’électronique avec les parts de marché les plus importantes en Suisse.
Les droits des travailleurs bafoués
Une décennie après l’avènement des smartphones, les personnes ayant elles-mêmes œuvré à la fabrication de l’appareil électronique le plus rentable au monde n’ont guère de raison de se réjouir. Chez les fournisseurs chinois d’Apple, les droits des travailleurs et travailleuses sont en effet régulièrement bafoués.
Selon les recherches effectuées par SACOM un partenaire local de PPP, ces ouvriers doivent effectuer de 80 à 90 heures supplémentaires par mois afin de gagner de quoi vivre. Par ailleurs, sous couvert de stage, des jeunes étudiants des filières professionnelles continuent d’être employés comme main d’œuvre bon marché. Les grandes marques rejettent la faute de ces situations abusives sur leurs fournisseurs alors même que ce sont elles qui leur dictent les prix et les délais de livraison.
Bilan mitigé
Apple et Hewlett-Packard (HP) font globalement bonne figure dans le classement, même si elles ont reculé sur la question des droits du travail depuis 2014. Dell et les marques en milieu de tableau, soit Acer, Sony et Samsung, ont, quant à elles, regagné du terrain.
En bas de tableau, on trouve HTC et Huawei, le deuxième producteur de téléphones mobiles au monde, qui met en œuvre une stratégie de croissance agressive en Suisse comme ailleurs. «Chez ces deux sociétés, nous constatons un cruel manque de transparence puisqu’elles se terrent dans le silence, dès lors qu’il s’agit de leurs sous-traitants et des conditions de production», déplorent les œuvres d’entraide.
Des progrès sur les «minerais des conflits»
Une lueur d’espoir apparaît toutefois à l’horizon, notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en «minerais des conflits», comme le coltan ou le cobalt. Ils sont surnommés ainsi en raison des conflits que génèrent leur extraction. Une telle évolution s’explique surtout par la législation américaine et européenne. «Cela démontre une fois encore qu’en matière de responsabilité sociale d’entreprise les multinationales ne progressent que lorsque la réglementation les y oblige», regrettent PPP et AdC.
Des avancées ont également été constatées sur les questions environnementales. C’est ainsi que Apple, HP et Dell se sont enfin attaqué aux produits polluants utilisés en cours de fabrication. En milieu de classement, en revanche, Lenovo, Acer, Asus, Samsung et Sony ont beau se montrer conscientes du problème, elles ne font rien de concret pour y remédier. PPP et AdC fustigent HTC et Huawei, qui «se moquent éperdument des répercussions que peuvent avoir ces agents toxiques».
Les organisations de développement exhortent les universités suisses à n’acheter que des appareils électroniques produits de manière responsable et à adhérer à Electronics Watch. Cette organisation aide les responsables d’achats des administrations publiques à rendre des comptes en matière de protection du droit du travail tout le long de la chaîne logistique dans l’industrie électronique. (cath.ch/com/bh)