L'Indonésie sollicite l'aide du Vatican pour lever l'interdiction de l'huile de palme dans l'UE
Le gouvernement de Jakarta a sollicité l’aide du Vatican pour lever l’interdiction de l’huile de palme comme biocarburant dans l’Union européenne (UE). La mise en œuvre de cette mesure aurait un impact négatif sur des millions de travailleurs, affirme l’Indonésie.
Luhut Binsar Panjaitan, ministre indonésien chargé de la coordination des affaires maritimes, a rencontré le pape François et des responsables du Vatican la semaine dernière, rapporte l’agence catholique Ucanews. Selon Antonius Agus Sriyono, ambassadeur indonésien auprès du Saint-Siège, le ministre a déploré l’impact négatif que l’interdiction de l’UE d’utiliser l’huile de palme comme carburant aurait sur les agriculteurs indonésiens. Selon l’Indonésie, cette l’interdiction n’est pas conforme aux valeurs humanitaires, car elle causera du chômage et de la pauvreté. Dans une déclaration officielle après la réunion, le ministre Panjaitan a déclaré que le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et Paix, avait exprimé son inquiétude quant au sort des cultivateurs et des millions de personnes dont la vie dépend de l’industrie de l’huile de palme.
Un séminaire à l’Université grégorienne
Le cardinal Turkson propose d’organiser le mois prochain un séminaire sur cette question à l’Université pontificale grégorienne, a-t-il ajouté. Y seront conviés des représentants de l’UE, des multinationales, des agriculteurs d’Indonésie et de Malaisie ainsi que des institutions religieuses.
En janvier, l’UE a voté pour amendement au projet de loi sur les énergies renouvelables qui demande d’éliminer l’huile de palme des biocarburants dès 2021. Cette décision vise à prévenir la déforestation et à atteindre des objectifs climatiques plus ambitieux. L’Indonésie et la Malaisie, les deux plus grands producteurs d’huile de palme, ont protesté contre cette mesure qui mettrait à mal leur industrie.
L’année dernière, l’Indonésie a exporté un total de 28 millions de tonnes d’huile de palme, d’une valeur de 23 milliards de dollars, dont 40% sont allés à l’Europe pour la conversion en biocarburants.
Pour l’eurodéputé écologiste néerlandais Bas Eickhout, rapporteur de la commission environnement du Parlement européen, l’UE a en effet porté un coup sérieux au lobby de l’agrobusiness. Le développement ne peut provenir que de carburants avancés durables tels que les biocarburants à base de déchets et non des cultures vivrières, a-t-il souligné. (cath.ch/ucanews/mp)