L'Indonésie maintient l’interdiction du mariage interreligieux
La Cour constitutionnelle indonésienne a maintenu une loi datant de plus de cinq décennies interdisant le mariage interreligieux. Elle a rejeté la requête d’un homme catholique qui demandait à pouvoir se marier avec une femme musulmane. Dans un verdict annoncé le 31 janvier, sept des neuf juges du tribunal ont rejeté la demande.
La Cour constitutionnelle indonésienne a défendu la loi de 1974 qui interdit le mariage interreligieux, rapporte Eglises d’Asie. Pour l’avocat du plaignant, la loi actuelle viole ses droits constitutionnels du couple et affecte leur liberté de choisir une religion ou une croyance.
Des mariages validés selon la religion
Le juge Moudjahidin Adams a relevé qu’une provision de la loi stipule qu’un mariage «est considéré comme valide s’il est contracté selon les lois de chaque religion et croyance ». Et que cela ne limite donc pas la liberté de religion. La cour estime dès lors qu’il n’y a pas de circonstances ou de conditions suffisantes pour un amendement de la loi.
«Dans l’Église catholique, le mariage interreligieux est certes une difficulté, mais un mariage légal reste possible s’il y a une dispense accordée par l’évêque et le vicaire général », a indiqué le Père Postinus Gulo, membre du tribunal matrimonial du diocèse de Bandung. Pour le prêtre, avec la loi actuelle, les couples ne peuvent pas enregistrer un mariage interreligieux dans le pays.
«La cour ne peut pas ignorer cette réalité»
Ahmad Nurcholish, membre de la Conférence indonésienne pour la religion et la paix (ICRP) précise que les religions autorisent les fidèles à se marier avec quelqu’un d’une autre religion, parfois avec des cérémonies célébrées selon la foi des deux religions du couple.
«Par exemple, pour le cas de l’islam et du catholicisme, un mariage islamique et une bénédiction dans une église peuvent avoir lieu. Ainsi, c’est légal selon l’islam et selon les règles de l’Église catholique», affirme-t-il. L’État, ajoute-t-il, n’a pas besoin de s’en mêler et doit laisser les citoyens faire leurs propres choix.
Il ajoute que la loi a poussé les couples interreligieux à choisir des moyens de la contourner, comme des mariages à l’étranger. Mais «pour ceux qui n’en ont pas les moyens, la loi reste un problème.» Ahmad Nurcholish et son organisation ont soutenu le mariage de 1’576 couples de religions différentes depuis 2005. Le groupe offre ses services de conseil et de défense à environ une trentaine de couples par mois. «C’est une réalité qui est ignorée par la Cour constitutionnelle et par le gouvernement», déplore-t-il. (cath.ch/eda/mp)