L’incorruption du corps de Sr Wilhelmina confirmée «inexpliquée»
Les résultats d’une enquête d’experts, publiée le 22 août 2024, ont confirmé le caractère «très inhabituel» de l’état du corps de la religieuse catholique américaine Wilhelmina Lancaster, décédée en 2019. Les examens médicaux ont notamment conclu que la dépouille ne présentait aucun signe de décomposition.
Le revêtement du cercueil de Sœur Wilhelmina s’est complètement détérioré après quatre ans passés dans le sol. Les experts ont cependant constaté que l’habit et les vêtements de la sœur «ne présentaient aucun signe de détérioration». Ils ont dans le même temps signalé l’absence de tout facteur environnemental ou d’autre facteur externe susceptible d’expliquer ces résultats très inhabituels.
Ces derniers ont été rendus publiques le 22 août par le diocèse de Kansas City, qui a commandité l’étude, rapporte le média américain The Pillar. L’évêque James V. Johnston a déclaré avoir chargé une équipe d’experts médicaux d’examiner le corps de Sœur Wilhelmina en mai 2023, sous la direction d’un spécialiste en pathologies.
Engouement des fidèles
La religieuse afro-américaine est décédée en 2019 et a été enterrée dans le cimetière de la communauté des Bénédictines de Marie, Reine des Apôtres, à l’abbaye de Gower, dans le Missouri. C’est après avoir exhumé le corps, en avril 2023, afin d’être enterré dans un sanctuaire prévu en l’honneur de saint Joseph dans la chapelle du monastère, que l’on a découvert qu’il était remarquablement intact.
La rumeur s’étant répandue, peu de temps après, des centaines de personnes sont venues voir la dépouille de Sœur Wilhelmina, et des dizaines de milliers sont arrivés les mois suivants, faisant de l’Abbaye un véritable lieu de pèlerinage. La médiatisation de l’affaire a motivé les autorités ecclésiastiques à s’efforcer d’éclairer le cas en mandatant une enquête indépendante.
Les experts ont ainsi confirmé que l’état du corps était «très atypique compte tenu de l’intervalle de près de quatre ans s’étant écoulé depuis sa mort, en particulier des conditions environnementales et des découvertes d’objets associés». Le corps de Sœur Wilhelmina n’a pas été embaumé, et il n’y avait rien pour la préserver dans l’état dans lequel elle a été enterrée. Alors que des insectes mangeaient la mousse sous elle, aucun n’a touché son corps ou son habit.
L’incorruptibilité, pas «validée» par l’Église
De nombreuses personnes ont estimé que cette préservation était «miraculeuse» et ont fait remarquer que l’incorruptibilité après la mort était un signe souvent associé aux saints. Cependant, dans sa déclaration, Mgr Johnston a rappelé que l’Église catholique n’avait pas de protocole officiel pour déterminer l’incorruption d’un corps, ni pour décider de cela comme une indication de sainteté. Il existe néanmoins plus de 300 saints dont les corps ont été exhumés des décennies, voire des siècles après leur mort, et qui ne présentaient aucun signe de décomposition physique. L’un des cas les plus célèbres est celui de Padre Pio, dont la dépouille a été retrouvée sans signe de décomposition, en 2008, 40 ans après son décès.
L’évêque a cependant relevé que l’absence d’explication médicale pour Sœur Wilhelmina avait, à juste titre, «suscité un grand intérêt et soulevé d’importantes questions». «Le fait de la revoir nous a donné à toutes un profond sentiment d’espoir, un signe que la mort n’est vraiment pas la fin de notre histoire», a déclaré Mère Cecilia, Abbesse de Gower. «Son corps évoque la résurrection au dernier jour, mais aussi la vie après la mort, lorsque l’âme part à la rencontre de Notre Seigneur», a-t-elle affirmé. (cath.ch/pillar/arch/rz)