L’imam de la mosquée d'Al-Azhar reçu par le pape François le 23 mai
Pour la toute première fois, un pape et un imam de la mosquée d’Al-Azhar, au Caire, vont se rencontrer. L’imam d’Al-Azhar Ahmed el-Tayeb, dont l’Université est considérée comme la plus haute autorité de l’islam sunnite, sera en effet reçu au Vatican par le pape François le 23 mai 2016.
Le Père Federico Lombardi, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a confirmé la nouvelle le 19 mai 2016. «Une rencontre entre le pape et l’imam d’Al-Azhar est en préparation pour lundi prochain», a simplement affirmé le ›porte-parole’ du Vatican aux journalistes.
Controverses suite aux propos de Benoît XVI
La visite au Vatican du cheikh Ahmed Mohamed el-Tayeb devrait marquer définitivement le dégel des relations entre Rome et cette haute instance de l’islam sunnite, particulièrement tendues sous le pontificat de Benoît XVI. Agé de 70 ans, Ahmed Mohamed el-Tayeb a étudié la pensée islamique à la Sorbonne (Paris, France) et il est également passé par l’Université de Fribourg, en Suisse.
En septembre 2006, Benoît XVI avait suscité une énorme controverse dans le monde musulman suite à l’interprétation exagérée et surmédiatisée d’une petite phrase prononcée dans un long discours sur les relations entre religion et violence, à l’Université de Ratisbonne, en Bavière.
Le dialogue avait repris en 2009 mais avait de nouveau été interrompu par Al-Azhar en 2011 quand Benoît XVI avait appelé à protéger les minorités chrétiennes après un attentat à la bombe contre une église à Alexandrie, en Egypte. Cette demande avait alors été perçue comme une ingérence.
Un lent dégel
Depuis le début du pontificat de François, le Vatican a tenté de reprendre les relations avec Al-Azhar, envoyant notamment un émissaire au Caire en décembre 2013, en la personne de Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.
Quelques mois plus tôt, en août, le nouveau pape avait donné une tournure très personnelle au traditionnel message envoyé au monde musulman après le mois du jeûne du Ramadan. «Cette année, la première de mon pontificat, écrivait-il, j’ai décidé de signer moi-même ce message traditionnel et de vous l’envoyer, chers amis, comme expression d’estime et d’amitié envers tous les musulmans, spécialement envers leurs chefs religieux».
Reprise du dialogue
Puis le pape avait envoyé en septembre un message personnel au grand imam d’Al-Azhar, transmis par le nonce apostolique en Egypte. Un mois plus tard, il recevait à Rome le grand mufti du Caire. En mars 2014, un représentant de l’Université égyptienne d’Al-Azhar – venu au Vatican pour la signature d’un accord interreligieux contre la traite des êtres humains – avait affirmé que l’institution musulmane était aux côtés du Saint-Siège pour aider à résoudre les «grands problèmes» de l’humanité.
Enfin, la première visite au Vatican du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, le 24 novembre 2014, avait été l’occasion de souhaiter la reprise du dialogue entre le Saint-Siège et l’Université d’Al-Azhar. Depuis, c’est en toute discrétion que s’est activé le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, sous la houlette du cardinal français Jean-Louis Tauran. (cath.ch-apic/imedia/ami/be)