Liège: Guérison miraculeuse due à l’intercession d’Elisabeth de la Trinité
La reconnaissance de la guérison miraculeuse de Marie-Paul Stevens, le 3 mars dernier, par le pape François, a ouvert la voie de la canonisation à la bienheureuse Elisabeth de la Trinité. La presse belge revient sur le parcours de cette ancienne enseignante de Malmedy, dans la province de Liège. De sa maladie, diagnostiquée en 1997, à sa guérison en 2002, sur la tombe de la carmélite dijonnaise morte en 1906.
Professeur de religion réputée pour son dynamisme et son enthousiasme à l’Institut technique Notre-Dame de Malmedy, Marie Paul Stevens avait fait à 17 ans une rencontre décisive avec Elisabeth de la Trinité qu’elle décrit comme «un vrai coup de foudre». Depuis, une longue ‘amitié spirituelle’ s’était construite avec la bienheureuse carmélite de Dijon. Puis, le choc de la maladie, le syndrome de Sjögren, chamboule sa vie à 39 ans, un diagnostic sans espoir de guérir. La maladie auto-immune fait prendre à sa vie la direction du chemin de croix. Il faut arrêter l’enseignement et se soumettre à des traitements lourds. «De très active, j’étais devenue semi-contemplative«, «Mais la médecine est devenue totalement inefficace, Guérir, les médecins m’avaient dit que je ne le pourrais jamais. Je ressemblais à un Bonhomme Michelin !” Ce qui ne l’empêche pas de prononcer en l’an 2000 son oui dans l’Ordre séculier du carmel.
«Je ressemblais à un Bonhomme Michelin»
En 2002 la mort se rapproche de plus en plus. «L’IRM avait révélé l’existence d’une deuxième lésion cérébrale. Après cela, au cours d’un long entretien, l’interniste m’a fait comprendre que mes mois et mes jours étaient comptés«, explique Marie Paul Stevens. Alors qu’il y a plus d’espoir à vue humaine, elle décide de faire un pèlerinage auprès de son ‘amie d’en haut’ Elisabeth de la Trinité, dont les reliques sont conservées à Flavignerot, près de Dijon. Un tel voyage pour une malade atteinte d’atrophies musculaires, incontinente, ne sachant presque plus manger, était tout sauf facile.
«Arrivée sur place, je me suis précipitée droit à la chapelle. Je ne pouvais que dire merci à Elisabeth qui m’avait entraînée dans cette folle aventure avec le Christ. Puis, en revenant au parking où m’attendaient les amis qui m’avaient conduite, je me suis mise à lever les bras en l’air, j’ai éprouvé le besoin d’aller aux toilettes, j’ai réalisé que tout avait changé«. Au retour, on imagine la surprise des proches, de la famille, des médecins surtout. «Ils ont d’abord dit que c’était le résultat d’un choc émotionnel. Mais après, ils ont constaté que je n’avais plus un gramme de Sjögren dans le sang… Certains médecins ont eu très dur avec leur impuissance. Dans la salle d’attente, j’ai entendu l’assistante du neurologue dire : «Elle vit toujours, celle-là ?»«, raconte-t-elle dans La Libre Belgique.
Près de quinze ans plus tard, Marie-Paul Stevens est bien vivante. Agée de 58 ans et désormais retraitée, elle se dit en pleine forme. Le procès de canonisation a duré de nombreux mois et le cas de Marie-Paul Stevens a été examiné par une commission médicale et une commission théologique, soit une quarantaine de témoins et neuf médecins. Il faudra du temps et de nombreux examens médicaux entre 2012 et 2016 pour que soit reconnue officiellement la guérison, jusqu’au décret papal du 3 mars 2016.
Depuis, la miraculée est retournée auprès d’Elisabeth, pour rendre grâce, mais… à pied cette fois, parcourant 350 kilomètres !
Elisabeth de la Trinité
Elisabeth de la Trinité (1880-1906) connaît une trajectoire très proche de celle de sainte Thérèse de Lisieux dont elle quasi contemporaine. Entrée au carmel de Dijon, elle y meurt de maladie à l’âge de 26 ans en 1906.
Tempérament fougueux, nature généreuse et droite, Elisabeth Catez, née en 1880, se montre dès l’enfance éprise du Christ qu’elle rencontre au plus profond de son cœur. A 11 ans, elle décide de se faire religieuse. Amie chaleureuse et pianiste accomplie – Premier prix de piano au Conservatoire de Dijon à 13 ans -, elle quitte tout pour entrer au Carmel à 21 ans.
Elle y prend le nom d’Elisabeth de la Trinité. En 1904, elle écrit une prière devenue célèbre comme une offrande totale d’elle-même à cette Trinité. Atteinte par la maladie d’Addison, elle en accueille sereinement les terribles souffrances comme une identification au Christ crucifié, et meurt le 9 novembre 1906: «Je vais à la Lumière, à l’Amour, à la Vie.»
Sollicitée par de nombreux Carmels et amis, sa prieure, Mère Germaine de Jésus écrit en 1908 un récit biographique qu’elle nomme simplement: «Souvenirs». Il connaît rapidement de multiples éditions et sera traduit en quelques années en une dizaine de langues.
Sur le chemin de la béatification, un premier miracle obtenu par l’intercession d’Elisabeth fut reconnu le 17 février 1984. Il s’agissait de la guérison de Dom Jean Chanut, moine de l’Abbaye de Cîteaux, atteint de tuberculose des reins. Ce miracle permit la béatification d’Elisabeth le 25 novembre 1984. La date de sa canonisation n’est pas encore fixée. (cath.ch-apic/ag/mp)