Libye: Des migrants égyptiens torturés par l'Etat islamique
Tripoli/Le Caire, 23 février 2015 (Apic) Des Egyptiens travaillant en Libye ont raconté, de retour dans leurs pays, les mauvais traitements subis de la part des islamistes. Suite à l’exécution, le 15 février dernier, de 21 coptes par l’Etat islamique (EI) en Libye, les Egyptiens quittent le pays par milliers.
Plus de 10’000 Egyptiens auraient traversé la frontière entre la Libye et l’Egypte ces derniers jours, rapporte le 23 février 2015 l’agence d’information catholique Asia News. Certains d’entre eux donnent des récits terribles de leurs démêlés avec les milices islamistes qui contrôlent une bonne partie du pays.
Asia News raconte notamment l’histoire d’Adel Saber, retenu en otage pendant trois mois, à l’instar de 200 autres Egyptiens, par les groupes islamistes «Aube de la Libye» et «les Alliés de la Charia». Les djihadistes ont libéré quelques uns d’entre eux à une distance de 70 kilomètres de la frontière tunisienne. Ils ont failli mourir d’inanition durant les trois jours de marche qu’il leur a fallu pour rejoindre la frontière.
Arrivés en Tunisie, les autorités se sont occupées à les remettre sur pied et à les rapatrier en Egypte.
Battus et humiliés
Adel a expliqué que les islamistes l’avaient attaqué alors qu’il était dans son appartement, à Syrte, au nord de la Libye, lui dérobant tous ses biens. Le travailleur égyptien a ensuite été placé avec des compatriotes dans diverses prisons du pays. Les djihadistes les auraient régulièrement torturés, mis à nu, battus, humiliés et constamment insultés. Durant les trois mois de sa captivité, Adel Saber a été forcé de réaliser des travaux de nettoyage et de construction. Il raconte avoir été régulièrement privé d’eau et de nourriture.
Al-Sissi en ligne de mire
Mohamad Abdal-Sabour, un autre otage, a été arrêté par les islamistes il y a un mois et demi à Misrata. Les miliciens lui ont sauvagement marqué un «S» sur le cou, un acte subi par de nombreux autres otages. Les membres d’»Aube de la Libye» leur ont expliqué que c’était leur façon d’envoyer des «félicitations» au président égyptien al-Sissi.
Un autre migrant, Mohammad Abdal-Azim, a raconté avoir été forcé de travailler dans un immense dépôt d’armements. Les miliciens lui ont ordonné de dire à tous les Egyptiens à quel point ils étaient fournis en roquettes et autres armes. «Ils voulaient nous forcer à combattre pour eux, après que les Egyptiens ont bombardé l’EI, ils sont devenus plus féroces», indique-t-il.
Des dizaines d’autres Egyptiens de retour ont expliqué que les islamistes les avaient dépouillés de tous leurs biens. Selon Asia News, au moins 45 rapatriés ont dû être traités physiquement ou psychologiquement par les services de santé égyptiens. (apic/asian/rz)