Le Père Elian Nasrallah, prêtre grec-catholique de la paroisse d'al-Qaa, au Liban, à la fontière syrienne en compagnie de deux régugiés (photo Maurice Page)
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Liban: Après les attentats d'al-Qaa, les réfugiés syriens en mauvaise posture

Après les attentats terroristes qui ont frappé le 27 juin 2016 la localité d’al-Qaa, dans la plaine de la Bekaa, au nord-est du Liban, les 30’000 réfugiés syriens qui vivent en bordure de cette bourgade de 5’000 habitants, en majorité chrétiens, sont en mauvaise posture.

Mercredi 29 juin, Bachir Khodr, gouverneur de Baalbek-Hermel, a interdit la circulation des motos – utilisées par les kamikazes d’origine syrienne – dans son gouvernorat, alors qu’il avait déjà ordonné lundi un couvre-feu s’appliquant aux ressortissants syriens dans les localités d’al-Qaa et de Ras Baalbeck.

Si le village d’al-Qaa est chrétien, un de ses quartiers est peuplé de musulmans sunnites et des réfugiés syriens ont établi un camp à sa périphérie. L’armée a effectué dès mardi un ratissage dans ce camp et procédé à des arrestations d’illégaux.

La cérémonie religieuse pour les cinq victimes des huit attentats suicide – reportée mardi pour des raisons de sécurité – devait avoir lieu mercredi 29 juin en fin d’après-midi, en l’église grecque melkite de Mar Elias.

«Les terroristes veulent tuer tout ce que le village représente»

Commentant les attentats terroristes qui ont coûté la vie à cinq habitants de ce village frontalier et à huit terroristes, ainsi que des dizaines de blessés, le Père Elian Nasrallah, prêtre grec-catholique de la paroisse, affirme ne pas être surpris par cet acte criminel.

Interviewé par le quotidien libanais «L’Orient-Le Jour«, il déclare que les terroristes sont omniprésents dans la zone. «Nous nous attendions à ce qu’une attaque ait lieu. Al-Qaa vit sous la menace depuis quatre ans déjà. Aujourd’hui, l’opportunité s’est présentée et les terroristes en ont profité».

Pour lui, l’objectif des attaquants est clair: en visant al-Qaa, les terroristes veulent chasser les habitants du village pour en prendre le contrôle.»Al-Qaa est l’exemple du vivre-ensemble entre chrétiens et musulmans, et les terroristes veulent tuer tout ce que cette bourgade représente».

Victime de la guerre en Syrie

Comme de nombreuses autres localités de la Bekaa, al-Qaa, bourg situé sur la route reliant la Bekaa à la ville syrienne de Qousseir – occupée un temps par les djihadistes – subit les conséquences de la guerre en Syrie. Avant le début de la guerre civile au Liban, jusqu’en 1975, la localité en majorité chrétienne comptait plus de 10’000 habitants, et les combats en Syrie ces dernières années en ont poussé de nombreux autres à l’exil.

«Des réfugiés syriens se sont établis à Macharih al-Qaa, à la périphérie du village, sur un terrain qui appartient à la bourgade», explique le prêtre à «L’Orient-Le Jour». «Nous pensons que des éléments terroristes ont réussi à s’infiltrer parmi ces réfugiés». Le Père Nasrallah estime que le gouvernement libanais doit envoyer davantage de militaires pour protéger le village, «car l’armée n’a pas réussi jusque-là à neutraliser définitivement les terroristes».

Le prêtre redoute de nouvelles attaques, mais refuse de s’en aller, car si les chrétiens partaient, «le Liban-message du pape Jean Paul II et de l’imam Moussa Sadr [chantre du dialogue et du rapprochement islamo-chrétien au Liban, ndlr] cessera d’exister». (cath-ch-apic/orj/be)

 

Le Père Elian Nasrallah, prêtre grec-catholique de la paroisse d'al-Qaa, au Liban, à la fontière syrienne en compagnie de deux régugiés (photo Maurice Page)
29 juin 2016 | 15:22
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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