Leysin: succès du premier Forum Chrétien Romand
Le premier Forum Chrétien Romand, qui s’est tenu du 10 au 13 octobre 2021, à Leysin, dans les Alpes vaudoises, a réuni près d’une centaine de membres de toutes confessions chrétiennes de Suisse romande.
Ce Forum a pour vocation de créer des ponts entre les deux mouvements qui ont marqué le 20e siècle: le mouvement œcuménique et le mouvement évangélique-pentecôtiste. «Ce qui nous unit – Jésus-Christ – est bien plus fort que ce qui nous sépare», a été le leitmotiv des participantes et des participants de ce premier Forum, «sans doute l’événement œcuménique majeur de cette année en Suisse», notent les organisateurs.
Participants catholiques, réformés, évangéliques, pentecôtistes, orthodoxes, catholiques-chrétiens, anglicans, adventistes, salutistes, baptistes, ainsi que membres de communautés et mouvements, se sont retrouvés pour chercher l’unité en vue d’un témoignage commun.
Rapidement le désir de vivre un Forum romand est né après le Forum Chrétien Francophone de Lyon, en octobre 2018, auquel une vingtaine de Suisses romands avaient participé. Un groupe interconfessionnel s’est alors mis à la tâche et a travaillé sans interruption, malgré la pandémie.
«Nous sommes pauvres des autres Eglises»
«Nous sommes pauvres des autres Eglises. Reconnaissons chez elles des lumières qui manquent chez nous ! La condition est de nous rencontrer et de travailler avec les dons de chacun. On découvre ainsi une fraternité qui devient de plus en plus grande», a souligné la théologienne baptiste Anne Schweitzer, venue de Lyon. Faisant le lien avec le Forum Chrétien Francophone de Lyon, elle a rappelé que «le but premier du Forum n’est pas de régler des différences de théologie, mais d’apprendre à mieux nous reconnaître les uns les autres».
«Il faut toujours nous demander qui manque à la table de la fraternité chrétienne», affirme Jean-Daniel Plüss, théologien pentecôtiste et président de la Fondation du Forum Chrétien Mondial (FCM) qui a son siège à Genève.
«Qui manque à la table de la fraternité chrétienne ?»
Dès sa création, une question avait animé les fondateurs du FCM – dont le Conseil œcuménique des Eglises (COE), modèle sur lequel s’est déroulé ce forum de Leysin: «qui manque à la table ? Quelles Eglises restent absentes des plateformes œcuméniques, à quelque niveau que ce soit ?»
En fondant le Forum, ils voulaient réunir, autour de la table, en proportions égales (50 :50), les Eglises dites historiques, membres du COE ou en relation étroite avec lui et d’autres, évangéliques, pentecôtistes ou charismatiques, absentes. «Il ne s’agit pas d’aborder les questions théologiques qui divisent mais – premier pas sans lequel aucun n’autre n’est possible – de se découvrir mutuellement comme femmes et hommes mettant leur vie en Christ».
Cette ambition anime aussi l’équipe d’organisateurs du Forum Chrétien Romand – dont la Communauté de travail des Eglises chrétiennes en Suisse (CTEC.CH) qui milite pour un œcuménisme vivant dans le pays.
Sept interpellations
Pour la CTEC, la plupart des participants au premier Forum Chrétien Francophone avaient découvert l’originalité et la pertinence de la démarche mise au point par le FCM lors du Forum de Lyon et tenaient absolument à la faire découvrir en Suisse romande. Si l’objectif des 50:50 n’a pas été atteint pour cette édition de Leysin, certaines Eglises ont pour la toute première fois délégué un représentant. «Cela constitue une énorme avancée qui, espérons-le, conduira à l’émergence de relations plus suivies. A l’heure du bilan, la CTEC estime que l’intuition des fondateurs du FCM était juste et que le chemin vers l’unité passe par-là: «apprendre à se connaître, comme homme, comme femme». Comme l’a dit un participant, «après trois jours, je connais mieux les participants que certaines personnes avec qui je travaille depuis des années».
Ainsi, c’est en donnant un témoignage personnel de son chemin de foi en petits groupes, en privilégiant ce qui rassemble que les participantes et participants des diverses confessions se sont retrouvés. Ensemble, ils ont adressé sept interpellations à leurs Eglises respectives. Dans un texte commun, ils lancent un appel aux Eglises communautés et mouvements de Suisse romande à «oser dépasser les limites qui nous séparent pour témoigner, en communion d’amour, du Christ qui nous rend libres et veut que tous parviennent à la connaissance de sa vérité».
«Nous oublions nos racines communes et que nous habitons une seule et même maison: ‘vous faites partie de la famille de Dieu’ (1 Pierre 2,5-10)»
«Nous sommes montés sur la montagne, non pour régler nos différences de théologie, mais pour mieux nous connaître et nous laisser toucher par l’Esprit saint. Tant de choses semblent nous séparer; nous avons souvent des images des autres qui ne sont pas vraies. Nous oublions nos racines communes et que nous habitons une seule et même maison: ‘vous faites partie de la famille de Dieu’ (1 Pierre 2,5-10)», ont encore indiqué les participants à cette première expérience en Suisse romande.
Les différentes sensibilités ecclésiales et théologiques se sont également exprimées dans les temps de prière et la diversité des traditions musicales, au cours des temps de partage, les ateliers, les méditations bibliques et lors de la célébration publique à Aigle. La découverte des autres communautés chrétiennes s’est faite aussi par la visite de lieux d’Eglise dans le Chablais et sur la Riviera vaudoise.
Un constat, en sept points
Les participants feront part de sept découvertes à leurs Eglises respectives. Dans le partage de leurs chemins de vie et de foi, ils ont exprimé leurs souffrances, celle d’un «corps blessé» par la désaffection de beaucoup et le «séisme spirituel» provoqué par la découverte d’abus de toutes sortes, dans les Eglises: «Une spiritualité authentique donne sens à la douleur en unissant nos vulnérabilités à celles du Christ qui les a toutes assumées».
De plus, avec les jeunes des Eglises, les participants veulent encourager les communautés à s’entraider pour être des «témoins crédibles du Christ ressuscité». Les participants affirment par ailleurs la dignité de chaque être humain créé à l’image de Dieu et déclarent vouloir se soucier des personnes en marge de la société «en qui le Christ les attend». Enfin, les participants exhortent à ne pas remettre à demain «l’appel à vivre ensemble la mission» confiée par le Christ et à être «pèlerins les uns, les unes, avec les autres». (cath.ch/com/be)