L'évêque afro-américain de Belleville a fait l'expérience de la «fracture raciale» aux Etats-Unis
Belleville/Illinois, 9 janvier 2015 (Apic) La «fracture raciale» est toujours bien présente aux Etats-Unis. Mgr Edward K. Braxton, évêque de Belleville, dans l’Etat américain de l’Illinois, en a fait l’expérience personnelle à plusieurs reprises. Dans un papier de réflexion de 19 pages, le prélat afro-américain révèle qu’il a été à deux reprises victime de ce qu’il considère comme une attitude injuste de la part de policiers.
Ces épisodes «m’ont rendu très conscient du fait qu’en étant simplement moi, je pourrais être la cause de suspicion et de préoccupation sans rien faire de mal», écrit-il sur le site de «The Messenger», le journal du diocèse de Belleville. (Cf. http://www.diobelle.org).
Mgr Braxton rapporte qu’une première fois, quand il était prêtre, il marchait tout simplement dans la rue d’un quartier peuplé apparemment uniquement de Blancs. «Une voiture de police s’est arrêtée à côté de moi et l’officier m’a demandé: ‘Que faites-vous dans cette zone? Vous vivez par ici? Où est votre voiture? Vous ne devriez pas vous promener dans des quartiers où vous ne vivez pas!»
«walking while black»
L’évêque de Belleville n’a jamais dit au policier qu’il était prêtre catholique, «mais je me suis demandé ce que j’avais fait pour attirer l’attention de l’agent». «C’était bien avant que j’aie entendu l’expression ‘walking while black’», qui décrit la forme de discrimination que rencontrent les gens de couleur aux Etats-Unis.
Une deuxième fois, Mgr Braxton, qui était déjà évêque à cette époque, conduisait sa voiture, dans un quartier également qui devait être peuplé uniquement de Blancs, avec deux petites chaises sur le siège arrière et une table dans le coffre partiellement ouvert et attaché avec une corde. Une voiture de police avec son gyrophare allumé l’a dépassé. L’agent lui a demandé: «Où allez-vous avec cette table et ces chaises? Avant que je puisse répondre, il m’a dit: ‘D’où les avez-vous? Nous avons reçu un appel au sujet d’une personne suspecte de conduire à travers le quartier avec des meubles éventuellement volés dans son coffre’». L’évêque s’est demandé une nouvelle fois ce qu’il avait fait pour qu’il devienne ainsi suspect. «Plusieurs années se sont écoulées avant que j’entende l’expression ‘profilage racial’».
La ségrégation raciale était légalisée jusque dans les années 1960
La question de la discrimination raciale aux Etats-Unis – jusque dans les années 1960, la ségrégation raciale était légalisée dans certains Etats du Sud – ressurgit à chaque fois que des policiers blancs qui ont abattu des Noirs désarmés sont acquittés par la justice. Le 28 août 1963, à Washington, le pasteur afro-américain Martin Luther King prononçait un discours d’espoir devant 250’000 personnes, de toutes origines. L’année suivante, les Etats-Unis adoptaient un «Civil Rights Act», c’est-à-dire une loi interdisant toute discrimination dans les lieux publics. Toutefois, les traces du régime ségrégationniste sont encore bien présentes, même un demi-siècle après son abolition. (apic/diobelle/com/be)