Face à la guerre, l’Ethiopie reste dans l’incertitude
«Les groupes fondamentalistes orthodoxes pourraient créer des problèmes en Éthiopie en alimentant une nouvelle escalade militaire», estime un des membres du Conseil interreligieux d’Éthiopie (EIRC), soucieux de rester anonyme pour raison de sécurité.
«Face aux mythes, à l’idéologie, il n’y a pas de remèdes, et nous assistons en Éthiopie à la mythologisation de l’empire éthiopien et de l’idéologie impériale», indique ce témoignage parvenu à l’agence vaticane Fides. Il arrive au moment où l’Éthiopie a vécu les cinq premières semaines du cessez-le-feu, proclamé par le Premier ministre Abiy.
De son côté, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a félicité le Premier ministre pour le rétablissement des services essentiels au Tigré, et pour la libération des prisonniers politiques. Il s’est également adressé au Front populaire de libération du Tigré (TPLF), qui s’est retiré de la plupart des territoires amhara et afar, ouvrant ainsi la perspective de nouvelles négociations.
Une situation très fragile
La situation reste néanmoins très fragile. Divers rapports les extrémistes Amhara orthodoxes risquent de déclencher un conflit avec les Oromos. Après l’attaque d’un enterrement musulman à Gondar le 27 avril, qui a fait au moins 20 morts parmi les fidèles musulmans, les tensions sont très fortes. En outre, d’autres affrontements entre la police et de jeunes musulmans ont eu lieu pendant la fête de la fin du Ramadam.
Les tensions et la peur risquent d’alimenter la possibilité d’un conflit entre les Oromos et les extémistes Amhara déjà été impliqués, avec le groupe Ménélik II, dans le massacre des anciens de Gada le 1er décembre 2020. Les opérations militaires et les affrontements entre l’armée fédérale (ENDF) et le groupe Oromo Liberation Army (OLA) se poursuivent également.
Les répercussions de la guerre en Ukraine
A ce contexte difficile, s’ajoutent les graves répercussions économiques de la guerre en Ukraine avec une forte hausse des prix qui plonge de nombreuses personnes dans une pauvreté absolue, poursuit la source.
En réaction au fanatisme, à la nostalgie et à la pureté du discours religieux ethnique des groupes extrémistes amharas, une majorité de l’Église orthodoxe développe cependant des idées d’ouverture par exemple avec l’utilisation de la langue oromo dans la liturgie ou les contacts oecuméniques avec les protestants, conclut le témoin. (cath.ch/fides/mp)