Le cardinal Turkson fustige le «deal» de l’UE avec la Turquie
La visite du pape François sur l’île grecque de Lesbos, le 16 avril 2016, sera aussi l’occasion de souligner les «causes» de la crise migratoire, a souligné le cardinal Peter Turkson, président du Conseil pontifical Justice et paix, cinq jours plus tôt. Au micro de Radio Vatican, il a fustigé l’accord récent entre l’Union européenne et la Turquie, et demandé de mettre fin aux soutiens financiers et armés de l’organisation terroriste Daech.
A Lesbos, le pape cherchera à «interpeller le monde et la conscience globale» sur le drame des réfugiés contraints de fuir la guerre et la misère, mais aussi et surtout sur «ses causes», a assuré le cardinal Peter Turkson. «Peut-être que la vraie question à se poser concerne les causes de cette indifférence», tant dénoncée par le pape François, a-t-il ajouté.
La «tranquillité» de l’Europe
Le haut prélat ghanéen a alors fustigé le récent accord entre l’Union européenne (UE) et la Turquie: «les mesures mises en place par l’Europe… donner une grande somme d’argent à la Turquie afin que cette dernière stoppe l’arrivée de ces personnes… Elles servent l’intérêt de qui? L’Europe sera peut être un peu plus tranquille maintenant, mais pour combien de temps?» Cet accord prévoit en effet que l’UE verse progressivement six milliards d’euros à la Turquie pour la gestion des réfugiés sur son territoire.
Et le cardinal Turkson de poursuivre: «Pour trouver une solution à long terme, (…) il faut faire tout notre possible pour créer une situation de paix dans cette zone. L’Etat islamique (Daech, ndlr) parait puissant, mais en réalité, il est toujours soutenu par des fonds, il a encore accès à l’argent, aux armes, etc.» Mentionnant aussi des intérêts pétroliers, le chef de dicastère a lancé cet appel à la communauté internationale: «Pourquoi nous n’arrêtons pas tout cela? (…) Il faut un peu d’engagement, et cela veut aussi dire des sacrifices». (cath.ch-apic/imedia/bl/pp)