Les 'viri probati', une question «non résolue» par le pape
Dans l’exhortation post-synodale Querida Amazonia, l’ordination d’hommes mariés ou encore le diaconat féminin sont des questions «qui n’ont pas été résolues» par le pape François, a déclaré le cardinal Michael Czerny, sous-secrétaire de la section des migrants et des réfugiés du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Des questions qui restent toutefois «ouvertes» et peuvent encore faire l’objet de «discussions».
A la différence du document final du synode sur l’Amazonie présenté le 26 octobre dernier, l’exhortation apostolique Querida Amazonia (‘L’Amazonie bien-aimée’, en espagnol) rentre dans le «magistère ordinaire» de l’Eglise catholique, a expliqué le cardinal Czerny devant la presse, au Vatican, le 12 février 2020. Cependant, au début de cette exhortation apostolique, le pontife argentin exhorte l’ensemble des fidèles à lire le document final, conférant ainsi à ce texte une «certaine autorité», a-t-il estimé.
Des discussions «non closes»
L’ordination d’hommes mariés ou encore la création de diaconnesses sont des questions qui n’ont pas été «résolues» par le pape François, a assuré le Canadien. Il n’y a pas de «fermeture» de l’Eglise face à ces points: toutes ces questions restent en effet «ouvertes» et peuvent encore faire l’objet de «discussions» et de «prières» pour aboutir, plus tard, à «des décisions mûres» prises au sommet de la hiérarchie catholique.
Pour le cardinal Lorenzo Baldisseri, Secrétaire général du synode des évêques, qui se veut rassurant, le document final du synode sur l’Amazonie – contenant le paragraphe controversé sur l’ordination des hommes mariés (N. 111) – n’a pas de valeur «magistérielle». Tout au plus, concède-t-il, il revêt une «autorité morale». Puisque l’exhortation apostolique Querida Amazonia ne fait mention «d’aucun article particulier» du document final, on ne peut parler d’aucune «approbation» par le pontife.
Cependant, estime le prélat, dans son exhortation apostolique post-synodale et au sujet de la question du manque de prêtres dans cette région, le pape François souhaite montrer «les pas à suivre» en trois étapes : il exhorte les évêques à prier et à encourager les vocations ; il leur demande de se montrer «généreux» et d’envoyer des prêtres en Amazonie ; il suggère encore que soit mise sur pied une formation plus «adaptée» à la région. Concrètement, pour le pape, qui considère que «le temps est supérieur à l’espace», estime le cardinal italien, le synode est un «processus». Toutes les questions qui ne sont pas fermement résolues restent donc «ouvertes», et le chemin se poursuit.
Une exhortation saluée par le prix Nobel Carlos Nobre
Approuvé par quelque 185 Pères synodaux, le document final est un document «précieux», a quant à lui réagi Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Le pape François en reconnaît sa «valeur» et son «autorité». Pour lui, il faut désormais considérer ce texte «à la lumière de l’exhortation apostolique». Par ailleurs, au sujet de l’ordination d’hommes mariés, la position du pape François sur le célibat sacerdotal était déjà connue, considère encore l’Italien.
Dans son exhortation, le pape argentin a par ailleurs fait une référence au rite amazonien, l’une des propositions du document final, a encore expliqué le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Ce thème est en effet mentionné dans le document par la note de bas de page 120. Ce type de rite peut être comparé au rite zaïrois, a-t-il illustré. Ces rites «naissent d’en bas» et sont mis en place via «une procédure spécifique» portée et suivie par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Souvenir de Dorothy Stang
Egalement présent à cette conférence de presse, le scientifique et prix Nobel de la paix en 2007 Carlos Nobre a salué cette exhortation apostolique post-synodale, selon lui «fille» de Laudato si’ (2015). Il s’est ainsi réjoui des propositions visant à offrir des modèles de développement qui ne laissent personne pour compte. Pour sauver l’Amazonie, il faut selon lui combiner la sagesse ancestrale des peuples indigènes d’Amazonie avec les nouvelles technologies dans l’optique de générer une «bioéconomie». Il demeure clair que les modèles d’extraction qui ont prédominé jusqu’à présent ont «fait des ravages». La planète ne peut vivre sans «son cœur» qu’est l’Amazonie.
Par ailleurs, est commémoré aujourd’hui l’anniversaire de la mort de Dorothy Stang (1931-2005). Religieuse américaine, elle a été assassinée pour s’être élevée contre les effets négatifs de l’élevage intensif dans la forêt amazonienne, a noté Matteo Bruni. Pour la Sœur Augusta de Oliveira, dont la congrégation est présente en Amazonie depuis plus de 100 ans, cet événement permet de faire mémoire de «tant de religieuses qui ont donné leur vie». (cath.ch/imedia/cg/pad/rz)