Les victimes d’abus sexuels au Chili remercient le pape

Les trois victimes d’abus sexuels au Chili, rencontrées par le pape au Vatican, ont tenu une conférence de presse le 2 mai 2018 à Rome, a constaté I.MEDIA. Ils ont affirmé avoir été enfin entendus, et ont dénoncé l’inaction qui favorise la formation de réseaux.

Dans leur communiqué conjoint, Juan Carlos Cruz (55 ans), José Andrés Murillo (43 ans) et James Hamilton (55 ans) affirment être reconnaissants au pape pour son geste, son «immense générosité» et son hospitalité. Ces trois victimes du prêtre chilien Fernando Karadima ont été reçues individuellement puis collectivement à la Maison Sainte-Marthe, pour des entretiens privés avec le pontife.

«Pendant presque dix ans, affirment-ils, nous avons été traités comme des ennemis car nous luttions contre les abus sexuels et leur dissimulation dans l’Eglise. Ces derniers jours, nous avons rencontré le visage aimable de l’Eglise».

Une «épidémie» qui a fait des milliers de victimes

D’après leur récit, le pape leur a demandé pardon, «en son nom et au nom de l’Eglise universelle», au cours d’un dialogue franc et respectueux. Ces abus sexuels, couverts selon eux par les évêques chiliens, sont une «épidémie qui a détruit des milliers de vies», trahissant la confiance et la foi.

Les trois victimes ont également souligné que la couverture des abus par la hiérarchie favorise la création de réseaux. Ils mettent en cause l’exercice «pathologique et illimité» du pouvoir, pierre d’angle des abus et de leur dissimulation. Enfin, ils espèrent que le pape François transformera ses paroles en actions exemplaires.

Lors de son voyage au Chili en janvier dernier, le pape François avait affirmé n’avoir pas de «preuves» au sujet des accusations contre un évêque, Mgr Juan Barros. Alors séminariste proche du Père Karadima – condamné depuis à perpétuité – il est accusé d’avoir gardé le silence sur les actes dont il avait connaissance.

Quelques jours plus tard, le pape avait envoyé à Santiago Mgr Charles Scicluna. Celui-ci a remis son rapport au pontife le 20 mars. Après l’avoir lu, l’évêque de Rome avait reconnu «de graves erreurs d’évaluation» et invité les trois victimes à venir au Vatican. (cath.ch/imedia/ap/mp)