Les Ukrainiens «ne rêvent pas de négociations de paix», note le pape
Les Ukrainiens «ne rêvent pas de négociations de paix, parce que le bloc ukrainien est en fait très fort : toute l’Europe, les États-Unis», a déclaré le pape François dans un entretien accordé à la télévision mexicaine Noticias Telemundo, diffusé le 25 mai 2023. Il a aussi évoqué sa santé, confirmé sa position sur l’avortement et parlé de la suite de son pontificat.
Cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, a insisté le pape, est un problème politique et ne pourra prendre fin que «le jour où ils pourront se parler, soit entre eux, soit par l’intermédiaire d’autres personnes».
Le pontife a néanmoins affirmé que lors de sa visite au Vatican, le président ukrainien Volodymyr Zelensky ne lui avait pas forcé la main pour qu’il adhère à sa formule de paix. «Il m’a demandé une très grande faveur, celle de m’occuper des enfants [ukrainiens] qui avaient été emmenés en Russie», a-t-il déclaré.
Santé : «beaucoup mieux«
Interrogé sur sa santé, le pape a déclaré aller beaucoup mieux. «Je marche à nouveau», a-t-il affirmé, expliquant avoir fait soigner son genou, même si cela peut certains jours être encore douloureux. Le pontife a aussi évoqué la «pneumonie aiguë» qui a nécessité son hospitalisation du 29 mars au 1er avril dernier. «On l’a prise à temps, ils m’ont dit, et si on avait attendu quelques heures de plus, ça aurait été plus grave».
Avortement : «vous ne me ferez pas bouger«
Interrogé sur la possibilité d’avorter pour une femme violée, le pape François a une nouvelle fois demandé s’il était légitime «d’engager un tueur à gage pour résoudre un problème». «Vous ne me ferez pas bouger sur ça. Parce que c’est la vérité», a-t-il insisté.
Le célibat sacerdotal n’est pas lié aux abus
Le pape François a écarté en outre tout lien entre le célibat des prêtres et les abus, rappelant que «32% des abus, voire 36% dans certains pays, sont commis dans la famille», la plupart du temps par des personnes mariées, puis que cela continuait dans le milieu scolaire ou sportif. «Ce sont les statistiques», a-t-il insisté.
Migrants : l’Afrique est esclave d’un «inconscient collectif«
Questionné sur les crises migratoires, le pontife argentin en a parlé comme un problème grave, soulignant en particulier le cas africain. «L’Afrique est l’esclave d’un inconscient collectif, de l’idée que l’Afrique est là pour être exploitée», a-t-il affirmé. Il a expliqué qu’il avait remarqué lors de sa visite au Soudan du Sud en février dernier que les puissances étrangères y installent rapidement leurs industries, non pas pour faire grandir le pays, mais pour le ponctionner.
Le pape a affirmé être pleinement d’accord avec la déclaration du réalisateur mexicain Alejandro González Iñarritu qui affirme qu’ «immigrer, c’est mourir un peu». «Vous laissez votre patrie derrière vous. Je suis un fils de migrants et j’ai fait l’expérience de cela à la maison», a-t-il déclaré.
À Rome, le ’mate’ n’est pas le même que celui fait par «votre mère, votre tante ou votre grand-mère», a confié l’ancien archevêque de Buenos Aires, qui se voit souvent offrir cette boisson typique de l’Amérique du Sud par des pèlerins sud-américains. Loin de ton pays, «l’air dans lequel tu as grandi te manques», a-t-il conclu.
Ce qu’il lui reste à faire
Le pape François a affirmé que tout ce qu’il a pu changer dans l’Église depuis le début de son pontificat a «été demandé par les cardinaux qui se réunissent dans des réunions clés qu’ils convoquent». Il a cependant reconnu qu’il n’avait pas terminé ce qu’il voulait faire : «plus on en fait, plus on se rend compte qu’il reste encore tellement de choses à faire».
Le pape a enfin expliqué qu’il était conscient de la difficulté que comportaient ces changements. «Moi-même […], j’ai du mal à changer», a-t-il confié. (cath.ch/imedia/cd/mp)