Les trésors millénaires de la bibliothèque d'Einsiedeln
La bibliothèque de l’abbaye d’Einsiedeln conserve des trésors, dont le plus vieux graduel au monde. Son architecture manifeste l’importance et l’ampleur du savoir préservé précieusement dans ces lieux depuis plus de mille ans. Visite des lieux avec le frère Jean-Sébastien Charrière.
La bibliothèque de l’abbaye d’Einsiedeln (SZ), fondée en 934, est un miroir de la vie spirituelle et de la curiosité des moines de l’abbaye. 1280 manuscrits, 1100 incunables et 230’000 ouvrages y sont précieusement conservés.
On y retrouve «tous les domaines du savoir». Les livres de théologies côtoient des traités de médecine, de sciences naturelles ou de droit. Et cette exhaustivité se manifeste dans l’architecture de la bibliothèque.
Huit colonnes se retrouvent aux quatre angles de la bibliothèque. Leur chapiteau représente tour à tour les quatre saisons – symbolisés par des fleurs, des céréales, du raisin et de la fourrure – ainsi que les quatre éléments – avec un oiseau, une lampe à huile, des poissons et des fruits et légumes. Une manière propre à l’art baroque de signifier que tout ce qui est connu dans l’espace et le temps se retrouve dans les livres.
Encouragée par saint Benoît, l’étude est un des fondements de la vie monastique. Il serait impensable qu’un monastère bénédictin ne soit pas doté d’une bibliothèque digne de ce nom. Tout au long du Moyen Age, cette culture du livre a favorisé la transmission du savoir antique et le développement de nouvelles connaissances.
Einsiedeln a elle aussi apporté sa pierre à l’édifice culturel occidental. Le fonds documentaire séculaire ayant survécu aux pillages, aux incendies et même à la négligence de certains frères en témoigne.
Rénovée en 1998
De 1994 à 1998, d’important travaux de restauration ont permis à la bibliothèque d’Einsiedeln de retrouver l’état original de la salle baroque de 1740. Les travaux effectués concernent non seulement l’aspect architectural mais aussi celui de la conservation des ouvrages qui auparavant souffraient du froid, de la chaleur et de l’humidité et étaient exposés au risque d’incendie. Autre élément non négligeable de ce chantier à 6,3 millions de francs, le déplacement de la clôture monastique qui, jusqu’alors, interdisait aux femmes l’accès à la bibliothèque.