Les taches de sang du suaire correspondraient à la crucifixion
Une nouvelle étude du scientifique italien Giulio Fanti affirme que les taches du suaire de Turin sont compatibles avec la torture et la crucifixion du Christ décrites dans les Évangiles. Il s’agit d’un nouvel épisode de la «bataille» opposant sceptiques et croyants sur l’authenticité de l’objet.
En juillet 2024, Giulio Fanti, professeur de mesures mécaniques et thermiques à l’Université de Padoue, a publié une étude portant sur les taches de sang et les «marques de torture» trouvées sur le linceul qui aurait recouvert le corps de Jésus après sa crucifixion.
Il affirme que l’analyse macroscopique et microscopique des taches de sang reflète avec précision «les conditions physiques relatives à Jésus-Christ» qui sont «conformes à la description de Jésus-Christ dans la sainte Bible et, en particulier, dans les quatre évangiles canoniques», rapporte le média américain Catholic News Agency (CNA). Il cite entre autres les nanoparticules trouvées dans le sang «reconnues comme de la créatinine», qui sont cohérentes avec «la très lourde torture subie par Jésus».
Les résultats au carbone 14 non fiables?
CNA cite à l’appui le Père Robert Spitzer, un jésuite fervent défenseur de l’authenticité du suaire de Turin. Pour ce dernier, «toutes ces indications [trouvées dans l’étude de Fanti] coïncident avec la crucifixion de Jésus-Christ». Le prêtre américain remarque qu’un «faussaire médiéval» n’aurait certainement pas utilisé le sérum hématique d’une victime ayant subi un polytraumatisme important. Il fait référence aux principales thèses sceptiques qui considèrent que l’objet a été fabriqué au Moyen-Age. Une conception étayée par la fameuse étude au carbone 14 de 1988 ayant conclu que le suaire datait du 13e ou 14e siècle.
Robert Spitzer mentionne d’autres études récentes allant dans le sens d’une authenticité, en particulier l’analyse de diffusion des rayons X sous grand angle publiée en 2022 par des chercheurs italiens du Conseil national de la recherche de Bari. Les examens ont permis de déterminer que l’âge du tissu devait être d’environ 2000 ans, ce qui correspond à la période de la mort du Christ.
Le jésuite estime en outre que l’étude de 1988 n’était pas fiable, principalement parce que les échantillons étudiés n’ont été prélevés que sur une petite partie du tissu, qui pouvait être une pièce cousue lors de sa réparation suite à un incendie, au 16e siècle.
Études non neutres
L’étude de Giulio Fanti constitue un nouvel échange dans la partie de «ping-pong» que se livrent partisans et détracteurs de l’authenticité du suaire depuis des décennies. Des journaux notent ainsi que les conclusions du professeur de Padoue ont été contredites par une étude de 2018 réalisée par le médecin légiste italien Matteo Borrini, selon lequel les écoulements de sang étaient davantage compatibles avec une personne s’étant tenue debout qu’avec une personne ayant été crucifiée. Des résultats également contestés, notamment du fait qu’ils n’auraient pas tenu compte de la dynamique complexe de l’histoire du tissu, de l’exposition à l’environnement et d’autres facteurs externes. Les recherches du docteur Borrini ont aussi été considérées comme «orientées», alors que le spécialiste italien est membre de la Société nationale des sceptiques. Un constat aussi valable pour la partie «adverse», les chercheurs parvenant à des résultats positifs étant fréquemment des croyants en quête de prouver la réalité de la résurrection.
A noter que le Vatican, tout en le considérant comme un important objet de dévotion, ne se prononce pas sur l’authenticité du linceul. (cath.ch/cna/ag/arch/rz)