Kosovo: Menacé, le monastère de Visoki Decani s'entoure d'une haute muraille de 2,5 km

Les soldats de la KFOR qui le protègent partiront d’ici la fin de l’année

Peć/Paris, 6 juin 2014 (Apic) Constamment menacé par les extrémistes albanais, protégé par les soldats italiens de la KFOR, le monastère orthodoxe serbe de Visoki Decani, au Kosovo, poursuit la construction, sur plus de 2,5 km, d’une haute muraille surmontée de barbelés, annonce le 6 juin 2014 «Solidarité Kosovo». L’ONG française participe à l’édification de cet «anneau de protection» édifié tout autour de ce joyau de la culture chrétienne au Kosovo-Métochie classé sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

En une dizaine d’années, 150 sites sacrés chrétiens ont été détruits ou endommagés au Kosovo, et l’héritage chrétien séculaire risque de disparaître, alerte l’archimandrite Sava Janjić, abbé du monastère de cette enclave serbe située à une douzaine de km au sud de la ville de Peć. Fondé en 1327, Visoki Decani est un des monastères orthodoxes serbes les plus importants des Balkans.

Les témoins de la présence chrétienne ciblés par les extrémistes

Pour le Père Janjić, ceux qui prônent un Kosovo purement albanais et musulman veulent effacer la présence serbe dans ces lieux, en détruisant des monuments médiévaux, comme le monastère orthodoxe de Visoki Decani. De nouvelles menaces ont été proférées verbalement et au moyen d’inscriptions sur les murs de l’enceinte du monastère. «La sécurité de la vie monastique et des pèlerins est en danger», peut-on lire sur son message diffusé par le site internet de l’ONG française «Solidarité Kosovo».

Ces quinze dernières années, depuis la fin de la guerre au Kosovo, le monastère a été attaqué à quatre reprises, dont deux fois avec des grenades, alors que les forces de la KFOR montent la garde à l’entrée du lieu saint. Lors de ces attaques, des inconnus ont inscrit sur les murs du couvent le mont «UCK», le sigle de «l’Armée de libération du Kosovo».

Le monastère gêne ceux qui voudraient un Kosovo ethniquement pur

L’ONG «Solidarité Kosovo», basée dans la commune de Vizille, dans le département français de l’Isère, lance un cri d’alarme: «Depuis quinze ans, le même scénario est tristement rejoué. C’est ainsi que deux fois par an, une foule compacte se réunit à Peć, dans la ville voisine du monastère. Scandant des propos clairement antichrétiens, le cortège hostile se dirige vers le monastère avec l’intention claire et évidente d’en découdre avec les moines. Seuls à repousser ces assauts, les soldats italiens de la KFOR, la force armée de l’OTAN, sont postés aux abords du monastère en deux points de contrôle militaire».

«Malheureusement, ces militaires sont l’unique protection dont le monastère et les moines disposent… Cependant, le commandement de l’OTAN a annoncé leur retrait d’ici la fin de l’année», déclare à l’Apic Ivana Gajic, chargée de communication de «Solidarité Kosovo». «Cible de menaces orales et écrites mais aussi d’attaques physiques depuis des années, le monastère gêne ceux qui voudraient un Kosovo ethniquement pur. C’est-à-dire sans chrétiens serbes vivant, travaillant et priant sur la terre de leurs ancêtres», écrit pour sa part le journaliste et écrivain Jean-Christophe Buisson, du Figaro Magazine.

Les chrétiens se sentent vulnérables

Quinze après la guerre du Kosovo, la minorité serbe est toujours dans le collimateur des extrémistes albanais: «Nous, chrétiens, nous nous sentons vulnérables… Le Kosovo est le seul territoire d’Europe où des sanctuaires, des moines et des pèlerins chrétiens sont encore menacés», écrivait le Père Janjić dans un communiqué diffusé en avril dernier.

Il estime qu’il est impensable pour les Serbes de vivre sans protection internationale, «car rien ne garantit que ne se reproduise une flambée de violences comme celle de mars 2004, quand 35 églises ou cimetières orthodoxes ont été détruits en deux jours».

Malgré les menaces très réelles, les soldats chargés de la protection du monastère depuis 1999 vont se retirer. «Qu’adviendra-t-il alors des monastères et de la vie monastique? Si la présence des forces internationales n’a pas empêché les quatre dernières attaques, elle en a cependant fortement limité l’impact en maintenant les assaillants à bonne distance du monastère. Qui les dissuadera désormais de renouveler leurs attaques ? Qui les empêchera d’arriver à leur fin – la destruction du monastère ?», écrit «Solidarité Kosovo». (apic/com/be)

6 juin 2014 | 16:54
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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