Les services secrets ukrainiens s'attaquent à l'Eglise orthodoxe
Le service de renseignement intérieur ukrainien (SBU) a de nouveau mené des perquisitions dans des églises et des monastères orthodoxes affiliés au Patriarcat de Moscou. Des écrits de propagande pro- russe auraient été saisis.
Des documents saisis contestent l’existence du peuple ukrainien, de sa langue et de sa culture, ont fait savoir les services secrets le 14 décembre 2022. Ils ont en outre trouvé des passeports russes, des rubans de Saint-Georges (décoration militaire russe), et des symboles du parti ukrainien «Plateforme d’opposition – Pour la vie» interdit depuis mars en raison de ses liens avec Moscou.
Avec la police et la garde nationale, le SBU a déclaré avoir perquisitionné une vingtaine d’établissements religieux dans plusieurs régions ukrainiennes, dont Lviv à l’ouest, Kherson au sud et Jitomir au nord-ouest, afin de lutter contre les «activités subversives des services spéciaux russes». Compte tenu de la guerre, il s’agit de protéger la population contre les provocations et les attaques terroristes et d’empêcher que les lieux de culte ne soient utilisés comme centres du «monde russe» (Rusky Mir).
Une procédure pénale a en outre été engagée contre un prêtre qui dans un sermon, avait qualifié de satanistes les personnes qui fêtent Noël le 25 décembre (selon le calendrier occidental NDLR) au lieu du 7 janvier selon la tradition orthodoxe.
Interdire les activités pro-russes
Jusqu’en mai 2022, l’Eglise orthodoxe ukrainienne dépendait du patriarche de Moscou Cyrille Ier, qui soutient l’offensive russe contre l’Ukraine. Mais elle s’est ensuite déclarée indépendante. Son chef, le métropolite Onuphre, a fermement condamné l’attaque russe contre le pays.
Mais pour nombre de responsables ukrainiens, l’Eglise continue de soutenir l’idéologie et la propagande russe contre le pays. Depuis plusieurs semaines, les autorités s’en prennent à l’Église orthodoxe affiliée à Moscou.
Le Conseil de sécurité et de défense, dirigé par le président Zelensky a imposé des mesures punitives à 14 évêques et trois membres du clergé, accusés de s’être rangés du côté de la Russie. Leurs avoirs ont été gelés pendant cinq ans. En outre, certaines activités commerciales leur ont été interdites. Le président veut faire interdire l’activité des organisations religieuses «liées à des centres d’influence dans la Fédération de Russie». Il a chargé le gouvernement d’élaborer un projet de loi en ce sens et de le présenter au Parlement.
Fin novembre, le SBU avait déjà saisi de la «littérature pro-russe» et de l’argent liquide dans plusieurs monastères orthodoxes lors de raids en raison de possibles liens avec la Russie, et avait interrogé de nombreuses personnes. Au total, il avait alors perquisitionné plus de 350 bâtiments ecclésiastiques. (cath.ch/kna/mp)