Le Père Uggé a distribué plus de 7'000 exemplaires de la Bible en Satéré-Mawé | © Joao Carlos Morales/AED
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Les Sateré-Mawé d’Amazonie lisent la Bible dans leur propre langue

Les Sateré-Mawé, une tribu indigène vivant isolée au centre de l’Amazonie brésilienne, peuvent désormais lire la Bible dans leur propre langue, grâce à la Bible pour enfants éditée en langue sateré-mawé par l’œuvre d’entraide catholique «Aide à l’Eglise en Détresse / ACN».

Jacques Berset (ACN/AED) pour cath.ch

Plus d’un millier d’exemplaires de la Bible pour enfants en format de poche, intitulée «Dieu parle à ses enfants», ont été distribués en décembre 2022 aux représentants de près d’une trentaine de communautés Sateré-Mawé des régions d’Andirá et de Marau. Ce territoire protégé en pleine forêt primaire, au cœur de l’Amazonie, se trouve à une centaine de kilomètres de la ville.

Des textes faciles d’accès

Avec des textes faciles d’accès, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament, de la théologienne allemande Eleonore Beck (1926-2014) et illustrés par Sœur Miren-Sorne Gomez, une religieuse basque espagnole née en 1937, ACN veut mettre la Parole de Dieu à disposition du plus grand nombre. Même ceux qui ne savent ni lire ni écrire peuvent se servir avec profit des illustrations multicolores réalisées par cette «peintre du bon Dieu», qui sont également souvent utilisées dans les cours de religion et la catéchèse.

Pour ACN, la Bible pour enfants est plus qu’un instrument pour approfondir la foi, car elle contribue également à préserver la langue et la culture d’un peuple autochtone. Dans de nombreux endroits, cet ouvrage fournit une contribution essentielle à l’alphabétisation.

Une contribution essentielle à l’alphabétisation

Aujourd’hui, la plupart des hommes des communautés Sateré-Mawé sont bilingues – ils parlent leur propre langue et le portugais, tandis que les femmes ont tendance à ne parler que le sateré-mawé. Ils vivent à la frontière des États brésiliens d’Amazonas et de Pará. La terre indigène d’Andirá-Marau a été délimitée en 1982 et la légalisation de son territoire de 788’528 hectares a été ratifiée en 1986. Selon diverses estimations, près de 13’000 âmes vivent dans ces territoires au sein d’une septantaine de villages. Les Sateré-Mawé ont eu leur premier contact avec les Blancs lorsque les Jésuites ont fondé la mission des Tupinambaranas, en 1669.

Le Père Henrique Uggé, membre de l’Institut Pontifical pour les Missions Étrangères (PIME) basé à Milan, travaille avec les indigènes d’Amazonie depuis des décennies. Le missionnaire italien relève que tout le monde aime entendre, lire et méditer la Parole de Dieu dans sa propre langue et dans son propre contexte culturel et historique. Le Père Uggé se réjouit que les Sateré-Mawé puissent désormais, eux aussi, écouter les lectures de la messe dans leur propre langue.

Une communauté totalement abandonnée par les autorités brésiliennes

Il se souvient que lorsqu’il est arrivé dans la région en 1972, la tribu des Sateré-Mawé ne comptait qu’environ 1’200 membres et était menacée d’extinction à cause des maladies et parce qu’elle avait été totalement abandonnée par les autorités brésiliennes. Aujourd’hui, souligne le missionnaire italien, les Sateré-Mawé sont près de 13’000 et leurs enfants bénéficient d’un réseau d’écoles bilingues.

Grâce à cette nouvelle édition de la Bible pour enfants, qui comprend les histoires clés de l’Ancien et du Nouveau Testament, «nos enfants et adolescents vont marcher sur le droit chemin. C’est également très important pour notre propre compréhension de la Parole de Dieu», estime le catéchiste Dercival Santos Batista, membre de l’ethnie Sateré-Mawé. Il a participé, avec six autres catéchistes locaux, à la traduction de cet ouvrage de plus de cent pages, financé et distribué par ACN.

Utile pour préserver la culture locale

Un autre traducteur, Honorato Lopes Trindade, explique que des publications comme celle-ci contribuent à préserver la culture locale. «Nous sommes en train de perdre notre langue, et nous devons nous battre pour la garder. De nombreux termes utilisés dans cette Bible sont tombés en désuétude, si bien que les lecteurs devront faire des recherches pour les comprendre».

Le Père Henrique Uggé souligne l’importance de cette contribution à la préservation de la culture indigène et explique que des éditions d’autres livres spirituels et liturgiques, y compris des livres audio, sont en préparation. (cath.ch/be/rz)

Un best-seller
La Bible pour enfants d’ACN a été publiée pour la première fois en 1979, et depuis lors, elle a été traduite en plus de 190 langues. Au total, plus de 51 millions d’exemplaires ont été imprimés, dont plus de 10 millions pour le seul Brésil. En plus des versions en sateré-mawé et en portugais, la Bible pour enfants a été traduite dans d’autres langues autochtones brésiliennes telles que le guarani, le tukano, le ticuna et le macuxi. Dans certains cas, cette Bible pour enfants est le premier livre publié dans la langue en question.
Allant de A de Afar, la langue parlée par environ 1,5 million de personnes dans certaines parties de l’Éthiopie, de l’Érythrée et de Djibouti, jusqu’au Z de Zoulou, une langue bantoue d’Afrique australe, la Bible pour enfants est un véritable «best-seller». De nouvelles traductions sont ajoutées périodiquement, car rien qu’en Afrique, il existe plus de 2’000 langues autonomes. JB

Le Père Uggé a distribué plus de 7'000 exemplaires de la Bible en Satéré-Mawé | © Joao Carlos Morales/AED
9 février 2023 | 17:25
par Rédaction
Temps de lecture : env. 3  min.
Amazonie (115), Bible (158), Brésil (392)
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