Monde: Difficile retour à la vie civile pour les filles soldats

Les programmes de réhabilitation encore inadaptés

Johannesbourg, 15 février 2013 (Apic) Environ 40% des centaines de milliers d’enfants soldats à travers le monde sont des filles, souligne le service d’information du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (IRIN). Leur réinsertion dans la vie civile s’avère souvent plus difficile que celle des garçons. Les programmes de réhabilitation sont encore largement inadaptés.

La catégorisation des filles soldats comme victimes de violences sexuelles masque le fait qu’elles sont souvent utilisées également comme combattantes. Ce mode de pensée contribue à les rendre invisibles dans les processus de démobilisation, note IRIN.

Les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) ont été mis en place pour aider les combattants d’âge adulte et, au fil des ans, les jeunes garçons. Ce n’est que récemment que les jeunes filles ont été prises en compte. Des observateurs considèrent que les DDR sont encore inadaptés aux besoins des filles.

5% de filles dans les programmes de réhabilitation

Un document rendu public en janvier 2013 par la Banque mondiale, intitulé «Children in Emergency and Crisis Situations» a confirmé l’utilisation des filles par les forces armées en Colombie, en RDC (République démocratique du Congo), au Timor-Oriental, au Pakistan, au Sri Lanka, en Ouganda et en Afrique de l’Ouest. La RDC en compterait environ 12’500. «Jusqu’à présent, elles ont peu bénéficié des programmes de démobilisation et de réintégration destinés aux enfants soldats», note le document. Le nombre de filles qui suivent les DDR ne dépasse pas 5%, alors qu’elles représentent 40% des effectifs d’enfants soldats de par le monde. «Personne ne sait ce qu’il advient de la majorité des filles associées aux groupes armés après un processus de DDR», indique la Banque mondiale.

Elles dissimulent leur passé

En général, les filles dissimulent leur lien avec les groupes armés, a souligné Richard Clarke, directeur de «Child Soldiers International». Dans les sociétés traditionnelles, suivre un programme de DDR pourrait dévoiler leur passé et mettre en péril leur avenir. «Dans les contextes de discrimination sexuelle bien ancrée, et dans les situations où la «valeur» d’une fille se définit en termes de pureté et de matrimonialité, la stigmatisation attachée à la pratique sexuelles, qu’elle soit réelle ou imputée, peut entraîner l’exclusion et un appauvrissement aigu», explique le directeur de l’ONG.

Ce genre d’accueil sème la confusion sur leur identité et sur leur estime d’elles-mêmes, souligne Shelly Whitman directrice exécutive de l’»Initiative Enfants soldats de Roméo Dallaire». Les filles ont souvent été violées avant d’être données à des commandants qui en ont fait leurs «femmes». Elles sont perturbées par leurs expériences, par la culpabilité qu’elles ressentent, par les attentes de leur famille et par leurs croyances religieuses. De plus, bon nombre d’entre elles ont des enfants dont le père n’est autre que leur ravisseur. Elles sont souvent rejetées lorsqu’elles rentrent chez elles et sont considérées comme non épousables, car impures. (apic/irin/rz)

15 février 2013 | 10:45
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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