Lucerne: Un délégué de Caritas Suisse tire la sonnette d’alarme au Sahel
Les prix grimpent, la pluie manque et la famine s’installe
Lucerne, 28 mars 2012 (Apic) Le délégué de Caritas Suisse Fred Lauener, de retour du Sahel, annonce que cette zone affronte une immense misère. Une aide doit immédiatement être apportée dans ces pays touchés par la sécheresse, afin d’éviter une énorme famine, affirme-t-il le 28 mars à l’Apic.
Fred Lauener s’est rendu durant la première moitié du mois de mars au Mali afin de discuter des projets à mettre en place avec les organisations partenaires de Caritas Suisse. Le 22 mars, le pays a été renversé par un coup d’état des militaires. La situation demeure instable.
Le Sahel a enregistré très peu de pluie l’an dernier, ce qui a engendré des récoltes extrêmement mauvaises. Les prix des denrées de base grimpent, comme toujours durant les périodes de misère. Il en résulte que des millions de familles d’Afrique de l’Ouest n’ont plus les moyens d’acheter leurs aliments. Beaucoup de paysans plongés dans la misère ont même consommé les graines prévues comme semence pour la prochaine saison. Pour l’ensemble du Sahel, Fred Lauener estime le nombre de personnes affamées entre 13 et 15 millions, dont 3,5 à 4 pour le Mali. Ce qui représente plus d’un quart de la population de ce pays.
En plus de ses problèmes de sécheresse, le Mai est constamment touché par une guerre civile entre les rebelles touaregs et les troupes gouvernementales, puis par un renversement du pouvoir par les militaires le 22 mars. Caritas s’engage dans la majorité des pays touchés par la sécheresse – Tchad, Niger, Mali, Mauritanie – avec des aides d’urgence en vue d’éviter la famine. Elle distribue des aliments à prix réduits et des semences pour la prochaine saison. Elle lance également un projet intitulé ” Food for Work» (aliments contre travail) avec distribution de nourriture aux nécessiteux moyennant des prestations sous forme de travail.
Une des principales difficultés dans la distribution des biens de première nécessité est le mauvais état des routes, explique Fred Lauener. La sécurité également doit faire l’objet d’attentions soutenues. «Là où l’on trouve la misère, il existe également d’importants risques de vol», affirme-t-il.
Populations affamées, déplacées et rejetées
La misère se trouve dans toutes les régions du Sahel. Mais la pire situation est au nord du Mali, où la sécheresse et la guerre ont fait partir de leurs villages plus de 200’000 habitants. Le sud du pays et les pays voisins connaissent également de graves problèmes. Partout où se rendent les réfugiés de la guerre, ils ne trouvent rien d’autre que la famine et le rejet de la part de la population locale.
Le Mali était pourtant depuis 15 ans sur le bon chemin, explique Fred Lauener. Il était non seulement «probablement le pays le plus pacifique de la région», mais également, avec le Ghana, un îlot vraiment démocratique en Afrique de l’Ouest. «Je ne peux qu’espérer que le pays, après le récent coup d’état militaire contre le gouvernement, ne retourne pas vers le passé», affirme Fred Lauener. Sur place, les diocèses catholiques constituent les partenaires privilégiés de Caritas Suisse pour mener leurs actions. (apic/gs/bb)