Les pères synodaux ne sont pas d’accord sur l’interprétation du document final
Rome, 26.10.2015 (cath.ch-apic) Plusieurs évêques et cardinaux ont livré dans la presse leur propre interprétation du rapport final du synode sur la famille, voté le 24 octobre 2015. Sur les fameux trois paragraphes concernant les divorcés-remariés, votés de justesse et à l’énoncé assez obscur, leurs lectures divergent.
Certains y voient un rappel de la doctrine actuelle en vigueur dans l’Eglise, qui leur interdit tout sacrement, tandis que d’autres y lisent une possibilité d’ouverture à l’accès à la communion. D’autres encore pensent que le texte laisse surtout une marge de manœuvre au pape François.
Pour l’évêque belge Mgr Johan Bonny, il y a ainsi dans le document final «une nouvelle ouverture pour annoncer l’Evangile dans des situations existentielles, sans devoir laisser en dehors de ces chemins pastoraux la possibilité d’accéder aux sacrements». «En ayant entendu le discours final du pape, poursuit l’évêque d’Anvers, il est clair que déjà, avec l’année de la miséricorde, il continuera sur cette voie. Le pape François a la porte libre pour aller de l’avant».
Pour le père Adolfo Nicolás, préposé général de la Compagnie de Jésus, qui faisait partie de la commission nommée par le pape pour rédiger le rapport final, c’est bien le pape François qui tranchera : «C’est un document qui laisse les mains libres à François. Le pape peut faire ce qu’il considère bon, opportun et nécessaire. Dans l’esprit de tous, en commission, il y avait l’idée de préparer un document qui laisse les portes ouvertes». Même son de cloche chez le cardinal brésilien Claudio Hummes : «Les deux tiers qui ont voté ›oui’ (aux paragraphes sur les divorcés-remariés, ndlr) (…) représentent pour François un bel encouragement. C’est comme s’ils lui a vaient dit ›avance’». Le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence épiscopale allemande, a confié pour sa part à Catholic News Service que le rapport final avait marqué un «vrai pas en avant» dans la pastorale des divorcés-remariés.
Une interprétation du texte qui tranche avec celle du cardinal Georges Pell : «Le texte a certainement été très mal compris, a-t-il assuré à Catholic News Agency. Tout d’abord, il n’y a pas de référence, dans le paragraphe 85, ni n’importe où dans le document, à la communion pour les divorcés-remariés. C’est fondamental». «Le discernement qui est encouragé au paragraphe 85, estime-t-il, doit être basé sur l’enseignement total du pape Jean-Paul II (…) dans Familiaris Consortio». L’Exhortation apostolique du pape polonais précisait en effet que pour accéder aux sacrements de la réconciliation et ensuite de l’eucharistie, les divorcés remariés doivent vivre «en frères et sœurs», donc en s’abstenant de rapports sexuels. «Il ne faut pas déformer l’enseignement de ce synode, (…) qui est parfaitement en conformité avec l’enseignement de base de l’Eglise», insiste le haut prélat australien. (apic/imedia/bl/pp)