Aujourd'hui, en Suisse romande, les services funèbres sont très diversifiés (Photo:Pixabay.com)
Suisse

Les obsèques religieuses en perte de vitesse

Les obsèques religieuses connaissent un fléchissement, en Suisse, révèlent des statistiques publiées le 31 octobre 2020 par l’Institut suisse de sociologie pastorale (SPI). Les changements sociaux, en particulier la sécularisation, sont principalement à l’origine de cette désaffection.

«Les mégatrends tels que la sécularisation et l’individualisation ne semblent pas vouloir marquer le pas s’agissant des obsèques religieuses», note le SPI. L’institut basé à Saint-Gall fait état des statistiques comparatives en Suisse concernant la fréquence des obsèques. La principale conclusion en est que les cérémonies menées dans les traditions catholique et réformée suivent la courbe vers le bas des mariages et des baptêmes.

Les enterrements sont toutefois encore bien davantage présents dans les lieux de culte que les deux autres cérémonies. En 2019, 21’967 obsèques catholiques ont eu lieu en Suisse, contre 17’707 baptêmes et 2’822 mariages. En 2012, l’on dénombrait encore dans l’Eglise catholique 23’055 obsèques, 21’618 baptêmes et 4’548 mariages. Des chiffres proches de ceux de l’Eglise évangélique réformée, qui comptabilisait en 2019 21’505 obsèques, 10’507 baptêmes et 2’655 mariages.

Clivage ville-campagne

Le faible écart entre les deux traditions est remarquable, du fait qu’il n’est pas proportionnel à la représentation de ces deux dénominations chrétiennes. En effet, en 2018, 35,2% de la population résidente de Suisse était rattachée à l’Eglise catholique romaine et 23,1% à l’Eglise réformée.

Pour Urs-Winter-Pfändler, chef de projet au SPI, «cela pourrait traduire une distanciation accrue d’avec l’Eglise chez les jeunes parents catholiques». Un autre facteur pourrait être que les membres de l’Eglise issus de l’immigration (en grand nombre en Suisse) se font souvent enterrer dans leur pays d’origine.

Le SPI constate aussi une discrépance entre cantons catholiques et protestants. Dans ces premiers, où les traditions religieuses sont bien ancrées, les funérailles se déroulent encore largement à l’église. C’est le cas de la très grande partie des enterrements en terre fribourgeoise, en Valais et dans les cantons ruraux de Suisse centrale et orientale.

Le clivage entre régions urbaines et rurales est manifeste. La proportion d’obsèques chrétiennes dans les cantons-villes est sensiblement plus basse qu’ailleurs.

Perte de valeurs

Le SPI estime que la tendance à la baisse devrait continuer dans les années à venir, plus particulièrement dans les grandes villes. Selon Urs-Winter-Pfändler, une des raisons de ce phénomène réside dans la distanciation croissante d’avec l’Eglise. Actuellement, ce sont la plupart du temps des personnes âgées qui sont enterrées à l’église. Il s’agit d’individus qui, de manière générale, ont été éduqués et sociabilisés dans un cadre essentiellement chrétien, ce qui n’est plus le cas des jeunes générations. Outre la perte d’influence des Eglises, le sociologue note des changements profonds dans les valeurs, dans la visibilité de la fin de vie et de la mort dans la société, ainsi que l’émergence de nouvelles traditions autour des décès. (cath.ch/com/rz)

Aujourd'hui, en Suisse romande, les services funèbres sont très diversifiés
1 novembre 2020 | 16:30
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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