Bolivie: L'Eglise bolivienne dément vouloir excommunier quatre ministres du gouvernement
Les ministres en cause soutiennent une dépénalisation de l’avortement
Cochabamba, 21 août 2013 (Apic) La Conférence épiscopale catholique de Bolivie (CEB) a démenti sur son site internet (www.iglesia.org.bo) l’intention de l’Eglise d’excommunier quatre ministres du gouvernement d’Evo Morales parce qu’ils seraient favorables à une dépénalisation de l’avortement. La CEB relève que cette fausse information, publiée le 19 août 2013 par le quotidien «Pagina Siete», a créé artificiellement une polémique entre l’Eglise et le gouvernement bolivien. Elle déplore «la confusion et le malaise pas nécessaires que cette information erronée a pu provoquer dans l’opinion publique nationale et internationale».
L’Agence Bolivienne d’Information (ABI) a repris l’information de «Pagina Siete», qui a rapidement fait le tour de la planète. «La personne qui avorte ou qui incite une autre à avorter, tout comme les personnels de santé qui participent à une intervention volontaire de grossesse, commettent un péché au regard de Dieu, car ils se transforment en maîtres de la vie, alors que l’unique maître de la vie, pour nous, c’est Dieu», a expliqué le Père José Fuentes, secrétaire adjoint pour la Pastorale de la CEB. Un tel péché entraîne l’excommunication, a-t-il précisé, ce qui signifie que celui qui est sanctionné ne peut prendre part à la communion lors de la messe.
Evo Morales pas solidaire, mais ouvert au débat
Les ministres de la Communication, Amanda Davila, des Autonomies, Claudia Pena, de l’Education, Roberto Aguilar, et du Développement productif, Teresa Morales, se sont prononcés en faveur de la dépénalisation de l’avortement en juillet dernier.
Leurs opinions n’engageaient qu’eux-mêmes et ne reflétaient pas la position du gouvernement. C’est en substance ce qu’a rappelé le président Evo Morales, puis, quelques jours après, le vice-président, Alvarro Garcia Linera. Les deux ont en effet soutenu que l’avortement restait un crime. Le président Morales, qui sera reçu au Vatican par le pape François le 6 septembre prochain, a cependant ajouté que le sujet devait faire l’objet d’un débat.
Une Eglise plus que jamais opposée…
Depuis les déclarations faites par les ministres boliviens, un vaste débat informel a été initié au sein de la société bolivienne. Sans surprise, l’Eglise catholique s’est systématiquement déclarée hostile à tout changement de la loi. Elle a ainsi rappelé par ailleurs que l’excommunication était une sanction basée sur le Code de Droit Canonique.
L’évocation d’une excommunication des quatre ministres a soulevé de vives polémiques dans ce petit pays d’Amérique latine. Au point que le même Père José Fuentes s’est vu contraint de convoquer, le 19 août, une conférence de presse pour rappeler que «si l’Eglise catholique était contre la dépénalisation de l’avortement, il était hors de question de sanctionner les ministres en cause». (apic/jcg/be)