Les leaders sud-soudanais en retraite de réconciliation au Vatican

Le Vatican accueille les 10 et 11 avril 2019 une «retraite spirituelle» à la fois «diplomatique et œcuménique» pour les plus hauts responsables du Soudan du Sud, dont le président Salva Kiir, a déclaré le Saint-Siège, le 9 avril. Cet événement inédit vise à soutenir le processus de paix dans ce pays, ravagé depuis 2013 par une guerre civile.

En 2011, le Soudan du Sud obtient son indépendance du Soudan. Salva Kiir, catholique, est alors président et Riek Machar, presbytérien, vice-président. Deux ans plus tard, le premier limoge le second et le pays sombre dans la guerre civile. Ce n’est qu’en septembre 2018 qu’un accord de paix est conclu. Celui-ci prévoit notamment la formation d’un gouvernement d’union nationale à partir du 12 mai 2019.

Suite à une «proposition» de Justin Welby, archevêque de Cantorbéry et primat de l’Eglise anglicane, a expliqué Alessandro Gisotti, le Vatican a accepté d’accueillir une «retraite spirituelle» pour les «plus hautes autorités civiles et ecclésiastiques» du Soudan du Sud. Y participeront ainsi ceux qui occuperont les plus hautes charges à partir du 12 mai, c’est-à-dire le président Salva Kiir et quatre des cinq vice-présidents désignés : Riek Machar, James Wani Igga, Taban Deng Gai et Rebecca Nyandeng De Mabior. Les communautés chrétiennes seront quant à elles représentées par les huit membres du Conseil des Eglises du Soudan du Sud.

Engagement commun pour la paix

La retraite sera prêchée par Mgr John Baptist Odama, archevêque de Gulu (Ouganda), et le Père Agbonkhianmeghe Orobator, président de la Conférence des supérieurs majeurs d’Afrique et de Madagascar. A la fois «diplomatique et œcuménique», a poursuivi Alessandro Gisotti, cette retraite a été organisée d’un «commun accord» entre la Secrétairerie d’Etat et le Bureau de l’archevêque de Cantorbéry. L’objectif est d’offrir une «occasion propice à la réflexion et à la prière, ainsi qu’à la rencontre et à la réconciliation, dans un esprit de respect et de confiance». Une retaite destinée donc à ceux qui devront contribuer à un «avenir de paix et de prospérité» pour les Sud-Soudanais.

Selon le directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège, l’événement se clôturera le 11 avril à 17h par un discours du pape François. Une Bible dédicacée par l’évêque de Rome, Justin Welby et John Chalmers, ancien modérateur de l’Eglise presbytérienne d’Ecosse, sera ensuite remise aux participants. Y figurera le message : «Recherche ce qui unit. Surmonte ce qui divise». Avant de recevoir la bénédiction, les responsables «assumeront un engagement commun pour la paix».

Une guerre atroce

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, lorsque le président Salva Kiir, de l’ethnie Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président et membre de l’ethnie Nuer, de fomenter un coup d’Etat. Les combats et les massacres de civils ont déjà fait des centaines de milliers de morts et près de quatre millions de déplacés (soit près d’un tiers de la population), et totalement ruiné le pays. Le conflit est marqué par des atrocités à caractère ethnique et par le recours au viol comme arme de guerre. Il a également été marqué par la violation répétée d’accords de paix et de cessez-le-feu. (cath.ch/imedia/xln/rz)