Les évêques suisses et la RKZ réorientent la pastorale des migrants
La Conférence des évêques suisses (CES) et la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) lancent un projet commun pour la réorientation de la pastorale des migrantes et migrants en Suisse. En Suisse vivent 3 millions de catholiques et près de 40 % d’entre eux sont issus de l’immigration.
Les 110 missions et aumôneries de langue étrangère de l’Eglise catholique en Suisse apportent une contribution considérable à l’intégration ecclésiale et sociale des migrantes, des migrants et des personnes en déplacement, soulignent tant la CES que la RKZ. Avec leur nouveau concept global de la pastorale des migrantes et migrants, elles estiment nécessaire d’élargir la perception de l’Eglise en tant que communauté dans la diversité.
Davantage de responsabilités aux autorités locales
Le concept global présenté le 14 décembre 2020 jette les bases d’un changement de paradigme dans l’orientation, l’organisation et le financement de la pastorale des migrantes et migrants dans l’Eglise catholique. Il vise à une intensification du vivre ensemble plus respectueusement entre les communautés linguistiques et la paroisse locale.
Pour atteindre cet objectif, il convient de poursuivre le développement des structures établies et fonctionnelles et, en application du principe de subsidiarité, de transférer davantage de compétences et de responsabilités aux autorités locales. L’Office migratio, organe au service de la Conférence des évêques pour toutes les questions concernant la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, est chargé de la mise en œuvre de ce concept et, donc, de sa réorientation.
«Comme ce fut le cas pour l’élaboration du concept, il est nécessaire, pour que sa mise en œuvre soit fructueuse, de pouvoir compter sur une coopération intensive entre les responsables pastoraux et les organes de droit public ecclésiastique», souligne Daniel Kosch, secrétaire général de la RKZ.
Pastorale interculturelle
Issues de nombreuses cultures, les communautés linguistiques confessionnelles accueillent les nouveaux arrivants, les soutiennent dans leur intégration, et regroupent aussi nombre de personnes qui sont ici depuis longtemps.
Alors qu’autrefois l’Eglise en Suisse était principalement responsable de la pastorale des travailleurs migrants d’Europe, dont on pensait qu’ils retourneraient dans leur pays après quelques années («pastorale des travailleurs immigrés»), aujourd’hui, la situation est tout autre.
Réfugiés, regroupement familial
Actuellement, les immigrants viennent du monde entier, et ce n’est pas seulement le travail qui motive leur départ – nombre d’entre eux viennent en tant que réfugiés, ou parce qu’ils se déplacent en famille, ou encore pour poursuivre leur formation. Certains d’entre eux vivent en Suisse depuis des générations, mais restent fidèles à la culture religieuse de leur pays d’origine, alors que d’autres sont arrivés il y a quelques années et encore d’autres n’ont pas d’autorisation de séjour.
Par rapport à d’autres collectivités, les migrantes et les migrants catholiques forment un groupe plus multilingue, mais aussi plus hétérogène à tous les égards – ce qui exige de poursuivre plus avant le développement de l’activité d’aumônerie dans le sens d’une pastorale interculturelle.
Nécessité d’une pastorale interculturelle
La migration connaît une évolution dynamique et continuera à interpeller l’Eglise et la société, notent la CES et la RKZ. «Nous disons que l’Eglise n’a pas de frontière et le phénomène migratoire permet de l’illustrer plus explicitement. Mais c’est notre relation concrète aux migrantes et migrants qui vient vérifier l’authenticité de ce que nous proclamons», relève Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion et en charge de la migration sein de la CES.
La mobilité, la migration et les différences culturelles élargissent la perception de l’Eglise en tant que communauté dans la diversité avec de nombreux points de référence. Il s’agit de développer et de cultiver des synergies interculturelles enrichissantes afin de vivre une intensification de la coexistence accompagnée d’une valorisation de la cohabitation et de les célébrer dans les services religieux ainsi que dans la vie ecclésiale.
Karl-Anton Wohlwend, directeur national de migratio, se réjouit de la mise en œuvre de ce concept et des impulsions qu’il va générer. Il estime que l’Eglise suisse est inspirée et enrichie par une intensification du vivre ensemble avec les communautés allophones. «Elle devient ainsi plus hétérogène et plus colorée».
Un territoire nouveau
Avec cette réorientation de la pastorale des migrantes et migrants, l’Eglise catholique en Suisse souligne l’importance d’une intensification du vivre ensemble, déjà partiellement en cours, et qui, en même temps, entre en territoire nouveau. Le projet a été suivi avec beaucoup d’intérêt par la Section pour les migrants et les réfugiés au Dicastère pour le Service du développement humain intégral au Vatican.
Le Père Fabio Baggio, sous-secrétaire de la Section, note dans le cadre de ce concept global de la pastorale des migrantes et migrants: «Il représente les premiers pas résolument engagés sur une voie visant à développer une pastorale des migrations à long terme». Cela nécessite «Vision, engagement et action». (cath.ch/ces/rkz/be)
Le service migratio de la Conférence des évêques suisses
Migratio est le centre de compétence de la Conférence des évêques suisses pour la pastorale des migrations. Il assure une prise en charge pastorale adéquate pour les migrantes, migrants et les personnes en déplacement (gens du voyage, gens du cirque et forains). JB