Les évêques et le gouvernement américains croisent le fer sur l’immigration
Le vice-président des États-Unis, J.D. Vance, a reproché le 26 janvier 2025 aux évêques catholiques du pays d’être de «mauvais partenaires» concernant l’immigration. Il répondait à un communiqué de la Conférence épiscopale critiquant les décrets anti-migrants pris par Donald Trump.
«Nous avons l’obligation morale de traiter l’étranger comme nous traiterions le Christ lui-même», a martelé le 22 janvier 2025 Mgr Timothy P. Broglio, au nom de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB). Dans une lettre ouverte, l’archevêque appelle les catholiques à travers le pays à «la communion et la solidarité avec les nouveaux arrivants, d’où qu’ils viennent», relaye le Catholic Herald. Le président de la Conférence des évêques critique ainsi plusieurs décrets signés par le président Trump.
Dès les premiers jours de son retour au pouvoir, le 20 janvier 2025, le président Trump a signé un grand nombre de décrets dans de nombreux domaines. L’USCCB tient à reconnaître certains aspects positifs de ces décisions. Timothy Broglio félicite notamment le président Trump d’avoir «reconnu la vérité sur chaque personne humaine en tant qu’homme ou femme». Il faisait référence à l’annulation d’une décision du gouvernement Biden reconnaissant un troisième genre.
Atteinte aux plus vulnérables?
Au-delà, les évêques américains ont qualifié les dispositions relatives au traitement des immigrants et des réfugiés, à l’extension de la peine de mort et aux réglementations environnementales de «profondément troublantes» et susceptibles d’avoir «des conséquences négatives, dont beaucoup nuiront aux plus vulnérables d’entre nous». «Nous espérons que les dirigeants de notre pays reconsidéreront ces actions qui méprisent non seulement la dignité humaine de quelques-uns, mais de nous tous», déclare la lettre.
L’approche à l’égard des immigrés est le domaine dans lequel les évêques montrent la plus grand opposition. «Les immigrés latinos représentant la grande majorité des personnes sans papiers dans le pays, et 52 % d’entre eux s’identifiant comme catholiques, il est probable que l’USCCB se sente obligée de protéger une partie de ses congrégations», commente le Catholic Herald. La révocation de la politique des «lieux sensibles» – qui permettait auparavant aux immigrés sans papiers de se réfugier dans les églises interpelle en particulier les autorités catholiques.
Les généralisations abusives, des «affronts à Dieu»
Parallèlement à l’USCCB, des évêques ont personnellement pris position sur ces questions. C’est le cas de Mgr Mark J. Seitz, évêque d’El Paso (Nouveau Mexique), une ville par où transite une bonne partie des migrants entrant aux États-Unis. Il a rappelé l’engagement de l’Église catholique à «défendre le caractère sacré de toute vie humaine et la dignité divine de chaque personne, indépendamment de sa nationalité ou de son statut d’immigrant».
«En tant que pasteurs, nous ne pouvons tolérer l’injustice et insistons sur le fait que l’intérêt national ne justifie pas des politiques dont les conséquences sont contraires à la loi morale, a encore argumenté Mgr Seitz. Le recours à des généralisations abusives pour dénigrer un groupe, par exemple en décrivant tous les immigrants sans papiers comme des ‘criminels’ ou des ‘envahisseurs’, afin de les priver de la protection de la loi, est un affront à Dieu, qui a créé chacun d’entre nous à son image.» L’évêque d’El Paso se réfère probablement en particulier à la déclaration de campagne de Donald Trump lors de laquelle il avait qualifié les immigrés illégaux «d’animaux».
Raisons de sécurité?
Des critiques qui ont fait réagir J.D. Vance, lui-même catholique. Dans le cadre de l’émission Face the Nation, diffusée le 26 janvier 2025 sur CBS, le vice-président a fermement défendu les actions de Donald Trump, insistant sur les raisons de sécurité. «Je suis favorable à ce que nous appliquions la loi contre les criminels violents, qu’il s’agisse d’immigrés clandestins ou de n’importe qui d’autre, de manière à assurer notre sécurité», a déclaré le vice-président.
«Bien sûr, si vous avez une personne qui est condamnée pour un crime violent, qu’il s’agisse d’un immigrant illégal ou non, vous devez aller chercher cette personne pour protéger la sécurité publique. Ce n’est pas propre à l’immigration», a déclaré J.D. Vance.
Les évêques «mauvais partenaires»
Dans sa diatribe contre les évêques, l’élu a pointé du doigt les intérêts particuliers de l’Église aux États-Unis. «Je pense que l’USCCB doit se regarder un peu dans le miroir et se demander, lorsqu’elle reçoit plus de 100 millions de dollars pour aider à réinstaller des immigrés clandestins, si elle se préoccupe réellement de questions humanitaires, ou plutôt de ses résultats financiers.» Il a ajouté: «Si l’USCCB s’inquiète des coûts humanitaires de l’application de la loi sur l’immigration, elle devrait parler des enfants qui ont été victimes de la traite sexuelle à cause de la frontière laissée grande ouverte par Joe Biden.»
En résonance aux «généralisations abusives» déplorées par Mgr Seitz, J.D. Vance a également évoqué le cas de Laken Riley, une étudiante de 22 ans assassinée en février 2024 par un Vénézuélien de 26 ans entré illégalement aux États-Unis.
Le vice-président a en outre répondu à la condamnation par les évêques catholiques des décrets autorisant les services d’immigration à pénétrer dans les églises et les écoles. «Je pense que l’USCCB n’a pas été, franchement, un bon partenaire dans l’application du bon sens en matière d’immigration pour laquelle le peuple américain a voté, et j’espère, encore une fois, en tant que fervent catholique, qu’elle fera mieux», a-t-il insisté. (cath.ch/catholicherald/arch/ag/rz)