Adriano Karipuna, militant de l'Etat de Rondônia, en Amazonie brésilienne, se bat pour le respect des cultures indigènes d'Amazonie  | © Jacques Berset
International

Les évêques du Brésil dénoncent la violence contre les Yanomami

La Commission épiscopale pastorale spéciale de lutte contre la traite des êtres humains (CEPEETH) de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) a dénoncé les violences commises par des travailleurs miniers et des orpailleurs armés à l’encontre de femmes et d’enfants Yanomami, un peuple indigène de la forêt amazonienne. Le gouvernement brésilien est sévèrement mis en cause.  

L’Eglise et les organisations de défense des peuples de l’Amazonie dénoncent depuis des années l’invasion sur le territoire des Indiens d’Amazonie des chercheurs d’or, encouragés par les propos du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, fustigeant la sanctuarisation des territoires indigènes et voulant les ouvrir à l’exploitation minière, à l’industrie forestière et à l’élevage. Les communautés indigènes de la forêt sont sous la constante pression des «grileiros» – les éleveurs de bétail qui s’emparent illégalement de leurs terres – des «madeireiros» – les coupeurs de bois qui envahissent la forêt, et des chercheurs d’or. 

Complicité du gouvernement fédéral

Sous Bolsonaro, le gouvernement fédéral brésilien a encouragé des actions visant à expulser les peuples et les communautés de leurs terres traditionnelles. Il a notamment accordé des titres fonciers à ceux qui s’approprient des terres publiques, en particulier là où se trouvent des peuples indigènes, des quilombos (communautés de descendants d’esclaves noirs fuyant à l’époque les plantations), des communautés traditionnelles et des zones environnementales.

La situation écologique de l’Amazonie est «dramatique» | © Matt Zimmerman/Flickr/CC BY 2.0

Violences sexuelles

Dans ce document, la Commission de la CNBB manifeste son indignation et son rejet de la violence subie par le peuple Yanomami, notamment l’invasion de l’exploitation minière sur son territoire.  Les Yanomami – «êtres humains» dans leur langue ancestrale – sont sévèrement menacés depuis 2011, date du début de l’invasion sur leurs terres des «garimpeiros», les chercheurs d’or, qui dévastent leur territoire. 

Dans une dénonciation signée par le Père Evaristo Spengler, président de la CEPEETH, la Commission épiscopale interpelle l’opinion publique «pour qu’elle exprime, avec véhémence, son indignation et son rejet de la violence subie par le peuple Yanomami, en particulier l’invasion de l’exploitation minière sur son territoire, la violence sexuelle contre les femmes et les enfants et l’abandon total du gouvernement».

Par ailleurs, un rapport «Yanomami sous attaque: activité minière illégale sur le territoire indigène Yanomami et propositions pour la combattre», publié le 11 avril 2022 par l’organisation «Hutukara Associação Yanomami» (HAY), «dénonce la réalité dramatique dans laquelle vivent les communautés Yanomami d’Amazonie et de Roraima».

Hausse de l’exploitation minières et des abus

L’exploitation minière «a augmenté de 46% dans les réserves indigènes en 2021», dénonce le document, où l’on apprend aussi que «les chiffres des attaques criminelles contre les communautés Yanomami sont alarmants et désespérés». Il est fait état de «violences sexuelles et de viols subis par les adolescents et les femmes Yanomami, perpétrés par des mineurs envahisseurs qui mènent des activités criminelles d’extraction d’or».

Pollution au mercure

A cela s’ajoutent les conséquences de la contamination au mercure qui affecte la santé des rivières et des forêts ainsi que des personnes qui y vivent. La CEPEETH affirme que «le peuple Yanomami est menacé, violé et en grande vulnérabilité dans des conditions de vie précaires, de faim, de malnutrition et sujet à l’acquisition de maladies endémiques, infectieuses et contagieuses telles que la malaria, entre autres».

Les ravages du Covid

Le rapport souligne également les ravages du Covid-19 sur les peuples indigènes, estimant que «tout cela est le résultat de l’inefficacité de l’État brésilien, en particulier du gouvernement fédéral, qui a développé explicitement des actions visant à expulser les peuples et les communautés de leurs terres traditionnelles».

La CEPEETH, «fidèle à son engagement mystico-prophétique envers les cris des pauvres et de la terre», montre sa solidarité et son engagement envers les leaders indigènes, comme Dario Kopenawa, qui demande un plus grand engagement du gouvernement brésilien dans la lutte contre l’exploitation minière face à la violence subie par le peuple Yanomami. La Commission épiscopale «répudie et dénonce avec indignation toutes les formes d’exploitation et de violence, en particulier la violence sexuelle à l’égard des femmes, des adolescents et des enfants. (cath.ch/cnbb/be)

Adriano Karipuna, militant de l'Etat de Rondônia, en Amazonie brésilienne, se bat pour le respect des cultures indigènes d'Amazonie | © Jacques Berset
24 avril 2022 | 09:51
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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