Les évêques de France demandent le renforcement des soins palliatifs
«Les soins palliatifs ne sont pas suffisamment développés», déclarent les évêques de France, le 22 mars 2018, à l’issue de leur assemblée générale de printemps. Dans leur déclaration sur la fin de vie, ils s’opposent également au suicide assisté et à l’euthanasie, appelant au contraire à une société où les citoyens prennent soin les uns des autres.
«Les possibilités de soulagement de la souffrance sous toutes ses formes ne sont pas assez connues», soulignent les prélats français, dans le document intitulé «Fin de vie: oui à l’urgence de la fraternité». Ils déplorent notamment les disparités d’accès aux soins palliatifs, ainsi que l’insuffisance de formations proposées au personnel médical et soignant.
Les évêques relèvent qu’en raison de ces carences et de la médiatisation de certains cas, des personnes demandent la légalisation de l’euthanasie et d’une assistance médicale au suicide. Les représentants de l’Eglise en France détaillent ainsi les raisons de leur opposition éthique à ces exigences.
«Ne suis-je pas un poids pour mes proches et pour la société?»
Ils mettent notamment en avant les enjeux liés à la conscience collective. «Fort de la fraternité qu’il proclame, comment l’Etat pourrait-il, sans se contredire, faire la promotion –même encadrée- de l’aide au suicide ou de l’euthanasie tout en développant des plans de lutte contre le suicide?» Pour les évêques, «ce serait inscrire au cœur de nos sociétés la transgression de l’impératif civilisateur: ‘Tu ne tueras pas’». Ils estiment que le signal envoyé serait dramatique pour tous, en particulier pour les personnes en grande fragilité, souvent tiraillées par cette question: «Ne suis-je pas un poids pour mes proches et pour la société?»
Si l’Etat confiait à la médecine la charge d’exécuter ces demandes, des personnels soignants seraient entraînés à penser qu’une vie ne serait plus digne d’être vécue, ce qui serait contraire au Code de déontologie médicale. Ce dernier stipule que le médecin exerce en effet sa mission «dans le respect de la vie humaine».
Nos choix personnels ont une dimension collective
Les prélats français critiquent aussi la position de ceux qui invoquent le choix souverain du malade. Car «l’expérience atteste que la liberté est toujours une liberté en relation grâce à laquelle le dialogue se noue afin que le soignant soit bienfaisant». Ils soulignent que nos choix personnels, qu’on le veuille ou non, ont une dimension collective.
Les évêques appellent finalement la société à s’inspirer du récit du «bon samaritain», qui exerce la solidarité face à la dépense de soins qu’occasionne «l’homme à demi-mort». Ils exhortent les citoyens et les parlementaires à «un sursaut de conscience pour que s’édifie toujours plus en France une société fraternelle où nous prendrons individuellement et collectivement soin les uns des autres». (cath.ch/com/rz)