Les évêques chiliens en faveur d’une «coexistence sans violence»
Chili: Les religions mobilisées contre l’homophobie après la mise à mort du jeune Zamudio
Santiago, 2 avril 2012 (Apic) Des communautés religieuses de diverses obédiences ont organisé une journée de prière interreligieuse contre l’homophobie, dimanche 1er avril, sur la Plaza de Armas de la capitale chilienne Santiago. La mise à mort d’un homosexuel de 24 ans par des jeunes se réclamant de l’idéologie «néo-nazie» a créé un choc au Chili, où la position de l’Eglise sur l’homosexualité est remise en cause.
Daniel Zamudio, battu et torturé durant des heures par quatre jeunes au début du mois de mars, est décédé le 28 mars malgré les soins médicaux prodigués. Ses agresseurs lui avaient entaillé la peau en inscrivant des croix gammées sur le corps. Des milliers de personnes ont accompagné vendredi 30 mars le corps de la victime de son domicile à San Bernardo, au sud de Santiago, jusqu’au cimetière général de Recoleta.
Dimanche, des organisations religieuses ont rassemblé des croyants hindous, catholiques, protestants, juifs et mormons à Santiago, pour prier pour Daniel Zamudio et «pour la vie et le respect des différences». Les participants ont également réclamé l’adoption rapide du projet de Loi anti-discrimination à l’étude depuis sept ans au Congrès. Un appel a été lancé pour l’appeler la «Loi Zamudio».
De nombreuses lettres de lecteurs et des éditoriaux paraissent dans la presse chilienne pour déplorer la position de l’Eglise catholique face à l’homosexualité, et reprocher les réserves qu’elle a émises face au projet de Loi anti-discrimination. Le Mouvement d’Intégration et de Libération Homosexuelle (Movilh) affirme que «la Haute Hiéarchie n’a jamais voulu que les minorités sexuelles soient incorporées» dans cette loi. Il affirme même que l’Eglise mènent une «campagne de terreur» contre cette nouvelle loi qui porterait, selon elle, atteinte à la liberté religieuse.
#Respecter la nature du mariage, de la famille et de la sexualité
Mgr Alejandro Goic, évêque de Rancagua et vice-président de la Conférence épiscopale chilienne, a affirmé vendredi 30 mars sur les ondes de Radio Cooperativa que l’Eglise a toujours appuyé la demande de légiférer contre la discrimination. Il a protesté contre ceux qui détournent la position de l’Eglise dans cette question. Affirmant que l’Eglise est en faveur d’une telle loi, mais qu’elle ne doit pas être invoquée de façon erronée contre les droits inhérents à la nature humaine. Et de rappeler que «dans d’autres pays, on a invoqué des lois contre la discrimination pour porter atteinte à la liberté d’expression et à la liberté religieuse», punissant des personnes qui avaient manifesté leurs convictions sur la nature du mariage, de la famille et de la sexualité.
De son côté, Mgr Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago et président de la Conférence épiscopale du Chili, a publié le 28 mars une déclaration intitulée «Pour une coexistence plus humaine et sans violence». Il souligne dans son message l’émotion de la société chilienne suite à la mort du jeune Daniel Zamudio, «dont nous avons suivi la santé et la situation ces jours-ci d’une manière particulière et avec une préoccupation spéciale, priant Dieu pour lui et pour sa famille».
#Circonstances «douloureuses et répugnantes»
Le prélat ajoute que la mort de Daniel Zamudio est intervenue dans des circonstances «douloureuses et répugnantes, comme le dénigrement de la personne humaine qui devient intolérance, agressivité et violence, base sur laquelle il n’est pas possible de construire l’avenir de la communauté humaine».
Mgr Ricardo Ezzati réaffirme, encore une fois, que l’Eglise du Chili adhère à la position claire du Saint-Siège. Il cite le document de 1986 de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi: «Il faut fermement déplorer que les personnes homosexuelles aient été et soient encore l’objet d’expressions malveillantes et de gestes violents. Pareilles réactions, où qu’elles apparaissent, méritent la condamnation des pasteurs de l’Eglise. Elles manifestent un manque de respect pour les autres qui lèse les principes élémentaires sur lesquels se fonde une juste convivialité civile. La dignité propre de toute personne doit toujours être respectée dans les paroles, dans les actions et dans les législations».
«Personne ne peut être agressé, insulté ou exclu pour motifs de race, de sexe, d’âge, d’origines ou de convictions», a réaffirmé l’archevêque de Santiago, ajoutant que «l’agression qui a tué ce jeune, comme tant d’autres expressions de violence contre les personnes, ne peut laisser indifférente notre société». (apic/fides/com/be)