Les Eglises unies contre l’extrême droite de l'AfD
Le 23 février 2025, un nouveau gouvernement et un nouveau parlement seront élus en Allemagne. Les Églises sont unanimes à propos de l’AfD. Pour les chrétiens, le parti d’extrême droite n’est pas éligible.
Pour les Églises, l’AfD et son nationalisme sont un ›no-go’. Depuis longtemps déjà, elles mettent en garde contre le risque de voter pour ce parti, relève l’agence catholique allemande KNA. Sur l’AfD, les Églises sont plus claires et plus unies que sur n’importe quel autre sujet politique.
La lettre incendiaire adressée aux députés du Bundestag par les Églises catholique et protestante de la capitale après un vote commun des chrétiens démocrates CDU/CSU avec l’AfD sur l’immigration a suscité l’attention publique.
Un avertissement clair il y a déjà un an
L’AfD, que les observateurs classent à l’extrême droite est le seul parti représenté au Bundestag que les Églises désignent officiellement comme non éligible pour les chrétiens.
Dès le début 2024, la Conférence épiscopale allemande, avait publié une déclaration soulignant que le nationalisme populiste et le christianisme sont incompatibles. Peu après, l’Église protestante d’Allemagne (EKD) a suivi le mouvement. Craignant la remise en question des «valeurs fondamentales de notre cohabitation», elle mettait en garde contre le vote pour les partis d’extrême droite, y compris l’AfD, car ils «excluent les minorités et mettent la démocratie en danger.»
Ecarter des Eglises les militants de l’AfD
Les Eglises ont ensuite formulé des directives permettant d’exclure les collaborateurs et les bénévoles occupant une fonction au sein de l’AfD ou sympathisant visiblement avec des positions extrémistes. Selon les évêques catholiques, l’engagement en faveur de l’AfD doit être considéré comme une activité hostile à l’Eglise qui, dans le cas le plus grave, peut entraîner le licenciement ou l’exclusion d’un poste honorifique.
Pour le président de la Conférence épiscopale allemande, Georg Bätzing, «ce parti veut renverser notre système démocratique et libéral. Je dois mettre en garde les chrétiens contre cela ». Quiconque s’intéresse au programme de l’AfD «en arrive à la conclusion qu’ils contredit les principes chrétiens fondamentaux, de la dignité humaine, de l’amour du prochain et de la solidarité chrétienne», expliquait-il.
Les statistiques montrent que les chrétiens votent un peu moins souvent pour l’AfD que la moyenne nationale. Mais les récentes élections régionales ont montré qu’en dépit des mises en garde des Eglises, un catholique sur cinq (20%) et presque un protestant sur quatre (23%) ont voté pour l’AfD en Saxe. En Thuringe, le parti a atteint 32% chez les catholiques et 29% chez les protestants.
Une proximité superficielle avec les positions de l’Eglise
La théologienne catholique Marianne Heimbach-Steins de l’université de Münster, met régulièrement en garde contre le fait de considérer les positions de l’AfD comme compatibles avec l’enseignement de l’Eglise.
Un regard superficiel peut donner cette impression sur des thèmes comme l’avortement ou la famille: «Le parti défend une image traditionnelle de la famille et veut encourager les femmes à donner la priorité à l’éducation de leurs enfants plutôt qu’à leur activité professionnelle». Mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’il vise quelque chose de très différent de l’Eglise catholique. Il s’agit pour lui de préserver le «peuple allemand» au sens quasi nazi du terme. (cath.ch/kna/mp)