Les Eglises soulignent les liens entre démocratie et droits humains
«Les droits humains sont la boussole de la démocratie». Tel est le message des Eglises de Suisse, à l’occasion de la Journée internationale des droits humains, le 10 décembre. Si elles soulignent les liens entre la démocratie et les droits humains, les Eglises constatent toutefois avec préoccupation que les droits fondamentaux sont de plus en plus souvent soumis aux aléas de la volonté populaire.
Les trois responsables des Eglises nationales, Mgr Markus Büchel président de la Conférence des évêques suisses (CES), le pasteur Gottfried Locher, président du Conseil de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) et l’évêque Harald Rein de l’Eglise catholique-chrétienne, se disent convaincus que les droits fondamentaux et humains sont la base indispensable pour une démocratie répondant aux exigences de justice. «Or un système démocratique ne peut tendre vers la justice que s’il est capable de se mesurer aux droits fondamentaux», affirment les représentants des Eglises.
«Recherchez la justice!»
A l’occasion du 10 décembre, journée internationale des droits humains, les Eglises publient le dépliant «Recherchez la justice!» (Esaïe 1,17) qui illustre des aspects fondamentaux de la démocratie: la participation démocratique à l’élaboration des lois auxquelles le peuple est soumis, l’exigence de justice pour garantir un Etat et des lois justes, l’exigence de solidarité envers toutes celles et ceux qui résident dans le pays, et l’accès à des tribunaux indépendants, y compris à une instance de recours.
Les droits humains doivent être la mesure des décisions de justice, y compris devant une instance de recours comme la Cour européenne des droits de l’homme, faute de quoi ils restent lettre morte, martèlent les Eglises. «C’est la garantie ultime de notre liberté et de notre sécurité de citoyenne, de citoyen, d’un Etat digne de confiance».
Préserver l’acquis des droits humains
L’idée de droits humains généralisés n’est pas inhérente à l’humanité. Ce n’est qu’après les expériences effrayantes des systèmes totalitaires au 20e siècle que l’humanité a réussi à s’accorder sur un socle commun de droits fondamentaux, rappellent les Eglises. Tout homme et toute femme peut s’y référer, quels que soient son statut socio-économique, sa culture, sa religion ou son appartenance ethnique. Les Eglises insistent pour que cet acquis civilisationnel ne soit pas sacrifié aux objectifs d’une politique quotidienne, souvent à courte vue et privilégiant des intérêts particuliers ou nationaux.
Une pierre dans le jardin de l’UDC
Fin octobre, elles avaient déjà, en prévision de la Journée des droits humains du 10 décembre, publié une prise de position rejetant «la propagande sur les juges étrangers». La Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS), la Conférence des évêques suisses (CES) et l’Eglise catholique-chrétienne de Suisse y défendaient le recours à la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg, rappelant qu’il s’agit là «d’un droit appliqué par des juges qui sont aussi ›nos’ juges en dernière instance, puisqu’ils appliquent une partie de ›notre’ droit». Les Eglises jetaient ainsi une pierre dans le jardin de l’Union démocratique du centre (UDC), en guerre depuis le printemps dernier contre «les juges étrangers». Le parti national conservateur a en effet lancé en mars dernier la récolte des signatures pour son initiative populaire intitulée «Le droit suisse au lieu de juges étrangers».
Les Eglises nationales appellent également à signer un appel lancé par l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT), partenaire traditionnel de l’Action pour la Journée des droits humains. (cath.ch-apic/com/rz)