Les Eglises d'Europe pour une vision chrétienne de la liberté

Rome, 9 mai 2015 (Apic) «Dans une Europe pluraliste nous sommes convaincus de la nécessité d’une vision chrétienne de la liberté humaine». La rencontre annuelle conjointe du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE), et de la Conférence des Eglises européennes (KEK), qui regroupe les autres confessions chrétiennes, s’est déroulée du 6 au 8 mai à Rome, sur le thème «La liberté et les libertés, une approche chrétienne».

Lors de la rencontre, la question des limites de la liberté d’expression, un sujet particulièrement délicat depuis l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier à Paris, a été abordée, rapporte Radio Vatican. Le périmètre d’intervention des Eglises dans la sphère publique, selon les différents modèles d’organisation des relations entre Eglises et Etats en Europe, et selon les différentes sensibilités catholiques, protestantes, et orthodoxes, a également été discuté.

Tolérance mal interprétée

Le 7 mai, en rencontrant les participants, le pape François avait évoqué les défis posés par les législations européennes qui «au nom d’un principe de tolérance mal interprété, finissent par empêcher les citoyens d’exprimer librement et de pratiquer dans un mode pacifique et légitime leurs propres convictions religieuses». Le 8 mai, le Comité a approuvé un document intitulé «pour une Europe de la liberté». Le cardinal Peter Erdö, président du CCEE, a souligné que «notre liberté chrétienne est un don de Dieu, enraciné dans le Christ, et nous appelle à une vie de service réciproque. Il n’y a pas de liberté en dehors d’une liberté avec et pour les autres».


Encadré

«Pour une Europe de la liberté»

Message du Comité Conjoint du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE) et de la Conférence des Eglises Européennes (KEK)

Nous, les européens, nous jouissons d’une immense liberté dans notre vie quotidienne. Nous avons une dette à l’égard des générations précédentes qui ont lutté pour construire un ordre social dans lequel le bien commun et la liberté des personnes puissent coexister harmonieusement.

A l’occasion du 70ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nous faisons mémoire de notre lutte intense et, parfois même violente, contre les idéologies porteuses de mort. Cette lutte pour la liberté a mené à la Convention pour la Protection des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales, qui souligne le fait que la liberté est toujours associée à des devoirs et à des responsabilités.

À l’ombre de ce moment obscur de l’histoire, nous souhaitons renouveler notre engagement pour une vision de la liberté qui soit avantageuse pour tous.

Dans une Europe pluraliste nous sommes convaincus de la nécessité d’une vision chrétienne de la liberté humaine. A nos yeux, cette liberté fait partie de notre être car Dieu nous a crées libres. Notre liberté chrétienne est un don de Dieu enraciné en Jésus Christ et il nous appelle à une vie de service réciproque. Le Christ nous pose un défi : utiliser notre liberté pour réaliser le Royaume de Dieu ici et maintenant. Il n’y a pas d’autre liberté que la liberté avec et pour les autres.

Il n’est pas rare que la liberté, qui se base sur la vérité, s’oppose à celles que l’on retrouve si souvent ailleurs dans nos sociétés. Trop souvent nous faisons face à des interprétations de la liberté entendue comme satisfaction individuelle et consommation vidée de sens.

Dans le cadre de notre rencontre de Rome, nous avons abordé un certain nombre d’aspects de la liberté adressée à la responsabilité envers Dieu et envers notre prochain :

  • Nous souhaitons une liberté qui dénonce l’oppression et la violence contre les femmes, opérée au nom de toute religion.
  • Nous souhaitons une liberté qui sauve les migrants dans la Méditerranée, qui s’engage à mettre un terme aux causes de la migration désespérée et qui permette à tous de vivre en paix dans leur propre pays d’origine.
  • Nous souhaitons une liberté qui exprime des paroles de solidarité contre les préjugés sur les Roms.
  • Nous souhaitons une liberté qui s’engage à mettre un terme à l’esclavage et au trafic des êtres humains des temps modernes dans le monde entier, conformément à la demande des leaders religieux du 2 décembre dernier sur l’abolition de l’esclavage.
  • Nous souhaitons une liberté qui définisse la Création comme don sacré, surtout en ce moment, alors que les communautés religieuses souhaitent partager leur réflexion sur les questions environnementales et désirent accompagner les colloques de Paris (COP21) sur le changement climatique qui aura lieu en décembre.
  • Nous souhaitons une liberté qui choisisse l’espérance au lieu du désespoir, et qui vive dans la solidarité avec les jeunes qui s’efforcent de s’approcher du monde du travail et de fonder une famille.

Nous souhaitons pouvoir faire appel à nos cœurs libres et à nos esprits libres pour soigner les blessures et pour promouvoir l’espérance dans notre monde affligé, mais pourtant béni !

Soixante-dix ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, nous prions pour la paix en Europe et dans le monde ; une paix qui doit toujours être le fruit de la justice.

Dans tout ce que nous faisons, nous devons toujours entendre l’éco du cri qui se dégage des Ecritures : « Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres » (Galates 5, 13). (apic/rv/com/rz)

La liberté fait face à des défis en Europe
9 mai 2015 | 14:02
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 4  min.
CCEE (61), KEK (3), Liberté (10), Liberté religieuse (126)
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