Brésil: La Commission de la vérité examine le rôle des Eglises durant la dictature

Les Eglises brésiliennes face à l’histoire

Sao Paulo, 9 novembre 2012 (Apic) La Commission Nationale de Vérité a réuni pour la première fois, le 8 novembre à Sao Paulo, un groupe de travail destiné à examiner le rôle des Eglises chrétiennes – catholiques et protestantes – durant la dictature au Brésil (1964 à 1985).

Après des années de tergiversation et de pressions en tout genre, rien ne semble pouvoir arrêter le processus de clarification destiné à savoir si les accusations de violations des droits de l’homme commises pendant la dictature militaire au Brésil sont fondées. C’est dans cet esprit que la Commission nationale de Vérité, créée en juin 2012, a entamé un nouveau volet de son travail en réunissant pour la première fois, à Sao Paulo, un groupe de travail chargé d’enquêter sur les nombreux cas supposés de collaboration des Eglises avec le régime militaire de l’époque, mais aussi sur les actes de résistance à la répression dont elles ont été victimes.

Préciser les responsabilités

Coordonné par le membre de la Commission Nationale de vérité Paulo Sergio Pinheiro, le groupe a défini un agenda de travail pour ces recherches et déterminé le rôle de ce groupe de travail. «Notre objectif sera de préciser les auteurs, les responsabilités et les circonstances dans lesquelles ont eu lieu les violations des droits humains, a-t-il indiqué. Pour cela, les membres des Eglises, victimes et témoins, pourront être convoquées pour faire une déposition.»

Un témoignage choc

La décision de créer ce groupe est née après la déposition de l’ancien prisonnier politique Anivaldo Padilha, le père de l’actuel ministre de la Santé brésilien, Alexandre Padilha – à la Commission nationale de vérité en septembre. «Son témoignage a constitué un détonateur», a affirmé le professeur Leonildo Silveira Campos, de l’université méthodiste de Sao Paulo, qui participe aux enquêtes. En février 1970, Anivaldo Padilha a été arrêté après avoir été dénoncé par un pasteur et un évêque de l’Eglise méthodiste qu’il fréquentait à Sao Paulo. A cette époque, il dirigeait le Département National de la Jeunesse de l’Eglise et éditait une revue pour ce groupe, en plus de sa participation à Action Populaire, un mouvement de la gauche chrétienne.

Résistances attendues

En 1971, Anivaldo Padilha a été contraint à l’exil et n’est revenu au Brésil qu’en 1979, grâce à la loi d’amnistie. Il avait laissé au pays sa femme, enceinte de son fils Alexandre, qui a donc connu son père à l’âge de huit ans. «C’est très important de mener cette enquête, explique t-il. Pour que non seulement les Eglises mais aussi les autres institutions du pays qui ont collaboré à la préparation du coup d’Etat se rendent compte comme cet épisode a été néfaste pour la société brésilienne.» Lui-même membre de ce groupe de travail, il est convaincu qu’il y aura de nombreuses résistances à la bonne marche de ces enquêtes. «Evidemment, certains secteurs vont s’y opposer. En particulier les secteurs les plus conservateurs ou qui sont le prolongement de groupes qui ont appuyé la dictature et qui ne seront pas très contents de ces démarches.»

Rapport final en 2014

Au-delà de l’audition de témoins comme Anivaldo Padilha , la Commission a pour objectif d’enquêter sur des épisodes comme la fermeture d’écoles religieuses, la démission de professeurs, l’expulsion de religieux et pasteurs, et la persécution de groupes religieux. Les résultats de ces recherches constitueront un chapitre à part entière dans le rapport final de la Commission National de Vérité, qui sera présenté en mai 2014. (apic/jcg/bb)

9 novembre 2012 | 14:13
par webmaster@kath.ch
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