Les «crimes d’honneur», pas seulement l’apanage des pays islamiques
Canada: Des femmes sont tuées au nom de «l’honneur de la famille»
Toronto, 12 mars 2011 (Apic) Les soi-disant «crimes d’honneur» ne sont pas seulement l’apanage des pays islamiques. Depuis 2002, le Canada est frappé de plein fouet par ce phénomène, et selon certaines estimations, 12 Canadiennes ont péri dans des «crimes d’honneur» allégués. Selon le quotidien canadien «La Presse», à Montréal, des dizaines de jeunes femmes vivent dans la peur de leur famille et peinent à trouver de l’aide.
Avant que son père et son frère ne l’étranglent en décembre 2007 à Mississauga, en Ontario, Aqsa Parvez, 16 ans, avait cherché du secours autant à l’école qu’auprès de ses amies, en vain, note le journal. Elle avait refusé de porter le voile et de se plier au mode de vie strict imposé par son père. Aqsa ne pouvait pas aller au cinéma, sortir avec des amis ou avoir un copain par crainte de représailles.
«La Presse» signale encore les cas d’Amandeep Atwal, 17 ans, poignardée en 2003 à Kitimat, en Colombie-Britannique, de Khatera Sadiqi, 20 ans, tuée par arme à feu en septembre 2006 à Ottawa, et d’Amandeep Kaur Dhillon, 22 ans, poignardée à Mississauga en janvier 2009.
Assassinées par des membres de la famille
Ces quatre jeunes femmes ont une chose en commun. Des membres de leur famille immédiate, accusés de les avoir tuées, sont aujourd’hui derrière les barreaux. Ils ont commis ces actes lâches au nom du soi-disant «honneur de la famille». Ainsi Kamikar Singh Dhillon a expliqué qu’il n’avait «pas eu le choix» d’assassiner sa belle-fille qui, selon lui, allait causer la «disgrâce imminente de sa famille» parce qu’elle aurait eu une relation extraconjugale. Il n’en avait par ailleurs aucune preuve.
Ce phénomène barbare d’un autre âge coûte la vie à quelque 5’000 jeunes femmes partout dans le monde chaque année, selon les statistiques de l’ONU. Le Moyen-Orient et le sous-continent indien sont les plus fortement touchés. On recense des cas autant au sein des familles sikhes, hindoues, chrétiennes que musulmanes.
Le meurtre se prépare souvent par consensus familial
Le «crime d’honneur» est une forme particulière de violence masculine contre les femmes. Cet acte odieux est la plupart du temps perpétré par les pères, frères, oncles et autres parents d’une femme lorsqu’ils perçoivent que cette dernière a désobéi aux normes culturelles de la famille. Dans le cas des crimes dits «d’honneur», la famille étendue est impliquée. Le meurtre se prépare souvent par consensus familial.
Les prétextes peuvent être le choix d’un amoureux jugé «inapproprié», le refus de porter le voile, une sortie au cinéma ou un mode de vie trop «occidentalisé». Cette violence culturelle se différencie de la violence domestique, parce que ce n’est pas seulement une question de violence d’un partenaire contre l’autre, mais ces crimes impliquent toute la famille. Le phénomène est cependant rare au Canada: une douzaine de cas depuis 2002, alors que 50 Canadiennes sont en moyenne tuées par leur conjoint chaque année.
Pour le moment, les solutions se font attendre: si des pays comme la Grande-Bretagne, où l’on recense 13 crimes d’honneur par année, se sont dotés d’organisations gouvernementales et policières pour faire face aux problèmes de la violence liée à «l’honneur», au Canada, tout reste à faire. (apic/rvm/be)