Les comptes de l’Église de Genève repassent au rouge
Les comptes 2022 de l’Église catholique romaine à Genève (ECR) se soldent par un déficit comptable de plus de 6 millions de francs, imputable à hauteur de 80% aux mauvais résultats des placements financiers, a annoncé l’ECR le 8 juin 2023. Le déficit structurel proprement dit d’un million de francs résulte de la baisse tendancielle des dons.
Après des résultats comptables exceptionnels en 2019, 2020 et 2021, la situation financière de l’Église catholique romaine à Genève (ECR) s’est tendue en 2022. L’ECR a renoué avec les chiffres rouges, a annoncé dans un communiqué de presse son service d’information, «en dépit d’une stricte discipline en matière de dépenses» et d’efforts reconduits en matière de recherche de fonds. Ses comptes ont été avalisés le 7 juin 2023 par son Assemblée générale (AG).
Une situation péjorée par l’instabilité du contexte économique
L’ECR souligne que l’importance du déficit (Frs 6’157’648) est toutefois à nuancer, «étant donné qu’il est imputable en premier lieu aux mauvais résultats des placements financiers pour 5 millions de francs». Ce résultat, proche du budget approuvé en novembre 2021 par l’Assemblée, s’explique essentiellement par l’instabilité du contexte économique.
«Nous avons subi, comme beaucoup, les aléas de la bourse», a expliqué à l’AG Dominique Pittet. Le secrétaire général de l’ECR, l’organe financier et administratif de l’Église dans le canton, s’est néanmoins montré rassurant. Cet «important déficit des placements ne se réalisera que si nous vendons des titres à perte», a-t-il commenté, précisant que l’ECR a «un horizon de placement à long terme» et peut donc «attendre la remontée des cours».
Cet «important déficit des placements ne se réalisera que si nous vendons des titres à perte»
Dominique Pittet
Reste qu’avec un million de déficit structurel, «le retour à l’équilibre demeure un défi de taille». L’ECR toutefois se dit confiante, sachant qu’elle peut «compter sur les catholiques» du canton.
Les trois piliers des finances de l’ECR
L’Église à Genève s’appuie en effet sur trois piliers pour financer ses activités: les placements financiers, les revenus de location de son patrimoine immobilier, et les dons. Ceux-ci résultent plus particulièrement de la contribution ecclésiastique volontaire. «Ils sont tendanciellement en baisse et ont reculé d’environ un million de francs en cinq ans, ce qui correspond à l’important déficit structurel», précise le communiqué. Les paroisses catholiques genevoises ont apporté pour leur part un soutien de près de 623’000 francs en 2022.
Ces cinq dernières années, l’ECR a pourtant déployé des efforts marqués en matière de recherche de fonds. Elle a axé sa stratégie sur les grands donateurs et les legs, mais aussi sur le développement de sa communication digitale dans l’espoir de toucher plus facilement les jeunes.
Informer, c’est motiver
Comme l’explique Guylaine Antille,responsable du service Recherche de fonds, «information et motivation sont liés». L’Église écrit régulièrement à ses donateurs, les personnes déclarées catholiques et enregistrées comme telles par l’ECR, explique-t-elle, pour «garder le lien avec eux et les informer du travail effectué avec leurs contributions financières». Et de préciser: «Nous nous adressons à l’ensemble des catholiques une à deux fois par an. Nous sommes aussi très reconnaissants de la fidélité de près de 7500 donateurs qui répondent régulièrement à nos appels aux dons, et ce plusieurs fois par année.»
Quelque soit le montant des dons, tous les donateurs sont assurés que leur contribution sera affectée au fonctionnement courant de l’ECR. Soit aux salaires de la centaine d’agents pastoraux (prêtres, diacres, laïcs et religieuses) et plus largement au fonctionnement des services pastoraux et des aumôneries (aumônerie de la santé, des milieux ouverts, des prisons…). La précision a son importance. Pour le dire autrement, les dons ne sont jamais investis en bourse et ne font donc l’objet d’aucune spéculation financière.
L’immobilier, une valeur toujours sûre
Une autre piste encore est explorées par l’ECR pour renforcer ses finances. Des projets immobiliers sont prévus ces prochaines années, notamment dans le cadre d’un partenariat avec la paroisse Saint-Pie-X, qui «devraient générer rapidement des revenus». Le résultat net du secteur immobilier en 2022 a dépassé les trois millions de francs.
La Maison de l’Église, un projet fédérateur
La réalisation de la « Maison d’Église », à l’église du Sacré-Cœur ravagée par les flammes en juillet 2018, «permet également d’envisager l’avenir avec un nouvel élan», déclare le service d’information de l’ECR. Elle devrait être ouverte l’an prochain.
Le bâtiment sera doté d’espaces multiples et abritera un lieu de culte entièrement rénové, des bureaux pour de nombreux collaborateurs de l’ECR et de la paroisse, des salles de réunion, une salle de fête et un restaurant ouvert au public. De nombreux donateurs se sont mobilisés pour financer ce projet d’avenir «fédérateur, qui porte l’élan de l’Église de demain» comme l’a déclaré à l’AG Benoît Carron, président du comité de l’ECR. « Un lieu de vie, de joie et de rencontres.» (cath.ch/com./lb)