Le cardinal Tarcisio Bertone, ancien secrétaire d'Etat du Saint-Siège (Photo:I, Wulfstan/Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0)
Vatican

Les comparaisons entre les pontificats de Benoît XVI et François sont «contre-productives»

Dans un entretien au site spécialisé italien Vatican Insider, le 20 mars 2018, le cardinal Tarcisio Bertone affirme avoir été au courant dès avril 2012 de la future renonciation de Benoît XVI, dont il a été un des plus proches collaborateurs. L’ancien secrétaire d’Etat du Saint-Siège revient également sur la polémique concernant une lettre du pape émérite et se défend dans l’affaire de son appartement rénové.

Au cours de cet entretien, le cardinal Bertone intervient notamment dans la polémique à propos de la publication tronquée d’une lettre de Benoît XVI. Ce dernier s’y exprimait sur la théologie du pape François. Selon le cardinal, les comparaisons entre les deux pontificats ne servent à rien et sont même «contre-productives».

Grande souffrance après la renonciation de Benoît XVI

Concernant l’actuel pontificat, l’ex-numéro deux du Vatican reconnaît des difficultés, mais affirme qu’il n’y a pas d’hostilité ni d’opposition sourde aux initiatives du pape. Seulement des problèmes «physiologiques d’une structure aussi complexe».

Au sujet de la renonciation de Benoît XVI, le cardinal Bertone, qui fut son bras droit à la Congrégation pour la doctrine de la foi, puis comme secrétaire d’Etat, affirme l’avoir appris dès le 30 avril 2012, sous forme de «mention fugace». Jusqu’à présent, la version officielle avançait la date d’août 2012 pour la première évocation de cette renonciation, lors d’une réunion à Castel Gandolfo.

Le cardinal Bertone raconte ensuite avoir tenté, en vain, de dissuader le pontife d’alors, «pour le bien de l’Eglise et pour contrecarrer une dépression générale du peuple de Dieu». Le haut prélat explique avoir porté le poids de cette décision avec une «grande souffrance».

«Bouc-émissaire»

Sur l’histoire controversée de son appartement rénové au Vatican – dont le procès est en appel – le cardinal Bertone affirme que le pape François était au courant. «Il savait ce qui se passait», assure-t-il. Même si, pour les détails, c’est le Gouvernorat qui était responsable.

«J’ai souffert de nombreuses attaques, reconnaît-il encore. La fureur avec laquelle j’ai été visé me semble impitoyable, exagérée. Je n’ai jamais organisé d’intrigues ou de complots». Convaincu d’être un «bouc émissaire», le cardinal Bertone souligne que son principal remords est d’avoir accepté trop de charges. «Si je pouvais retourner en arrière, je ne le ferais plus».

Le «combattant» Jean Paul II

En tant que salésien, il affirme n’avoir jamais délaissé son saint fondateur, Jean Bosco (1815-1888). «Réciter les trois Ave Maria le soir au pied du lit, comme le recommandait Don Bosco, m’a apaisé et m’a fait dormir même dans les moments les plus difficiles», confie-t-il.

Ancien archevêque de Gênes, le cardinal Bertone, 84 ans, est aujourd’hui secrétaire d’Etat émérite (de 2006 à 2013). Il continue à travailler pour le Vatican. Créé cardinal par Jean Paul II en 2003, il publie en Italie le livre Mes papes. Il y définit notamment Jean Paul II comme un «combattant» depuis sa jeunesse, depuis ses «batailles» aux côtés des ouvriers de Cracovie. (cath.ch/imedia/ap/rz)

Le cardinal Tarcisio Bertone, ancien secrétaire d'Etat du Saint-Siège
20 mars 2018 | 15:48
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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