Les citations les plus remarquées du pape en Belgique
Le pape François a passé trois jours en Belgique (26 au 29 septembre 2024). Un voyage marqué notamment par la thématique des abus sexuels mais aussi par sa confrontation avec les membres des universités catholiques de Leuven et de Louvain-la-Neuve. L’agence I.MEDIA revient sur huit thématiques abordées par le pape François au cours de cette visite.
Sur les abus sexuels dans l’Église:
«Je pense aux événements dramatiques des abus sur mineurs […]. Frères et sœurs, ceci est la honte! La honte que nous devons tous prendre en main aujourd’hui, demander pardon et résoudre le problème: la honte des abus, des abus sur mineurs. Nous pensons au temps des Saints Innocents et nous disons: ‘Quelle tragédie, ce qu’a fait le roi Hérode!’, mais aujourd’hui, dans l’Église, il y a ce crime; l’Église doit avoir honte, demander pardon et essayer de résoudre cette situation avec une humilité chrétienne. Et mettre en place toutes les conditions pour que cela ne se reproduise plus.
Quelqu’un me dit: ‘Sainteté, pensez que selon les statistiques, la grande majorité des abus se produisent dans la famille ou dans le quartier ou dans le monde du sport, à l’école’. Un seul suffit pour avoir honte! Dans l’Église, nous devons demander pardon pour cela; que les autres demandent pardon pour leur part. Ceci est notre honte et notre humiliation.»
(Lors de la rencontre avec les autorités et la société civile, 27 septembre).
«Je le demande à chacun: ne couvrez pas les abus! Je demande aux évêques: ne couvrez pas les abus! Condamner les abuseurs et les aider à guérir de cette maladie qu’est l’abus. Le mal ne doit pas être caché: le mal doit être révélé au grand jour, il doit être connu, comme certaines personnes abusées l’ont fait, et avec courage. Que cela se sache. Et que l’abuseur soit jugé. Que l’abuseur soit jugé, laïc, prêtre ou évêque: qu’il soit jugé.»
(Lors de la messe au stade Roi-Baudouin, Bruxelles, 29 septembre).
«Avec le cœur et l’esprit, je reviens aux histoires de certains de ces ‘petits’ [victimes d’abus, ndlr] que j’ai rencontrés avant-hier. Je les ai entendus, j’ai ressenti leur souffrance d’avoir été abusés et je le répète ici: il y a de la place dans l’Église pour tous, tous, tous, mais nous serons tous jugés et il n’y a pas de place pour l’abus, pas de place pour la couverture de l’abus.»
(Lors de la messe au stade Roi-Baudouin, Bruxelles, 29 septembre).
À propos du roi Baudouin et de l’avortement:
«À mon retour à Rome, je lancerai le procès de béatification du roi Baudouin: que son exemple d’homme de foi éclaire les gouvernants. Je demande aux évêques belges de s’engager pour faire avancer cette cause.»
(Lors de la messe au stade Roi-Baudouin, Bruxelles, 29 septembre).
«Le roi a été courageux parce que face à une loi de mort, il n’a pas signé et a démissionné. Il faut du courage, non? Il faut un politique ‘qui en a dans le pantalon’ pour faire cela. Il faut du courage. Lui aussi a fait passer un message en agissant de la sorte et il l’a fait parce que c’était un saint. Il l’a fait parce qu’il était un saint. Et comme il est saint, le processus de béatification avancera».
(Lors du vol retour pour Rome, le 29 septembre).
Sur les «adoptions forcées»:
« J’ai été attristé par un autre phénomène: les ›adoptions forcées’ qui se sont produites ici également en Belgique entre les années cinquante et soixante-dix du siècle dernier. Dans ces histoires douloureuses s’est mélangé le fruit amer d’un crime avec ce qui était malheureusement le résultat d’une mentalité répandue dans toutes les couches de la société, à tel point que ceux qui agissaient conformément à cette mentalité croyaient en conscience faire le bien, tant de l’enfant que de la mère.
Souvent, la famille et d’autres acteurs sociaux, y compris l’Église, pensaient que pour éliminer l’opprobre négatif, qui frappait malheureusement à l’époque la mère célibataire, il était préférable pour le bien des deux, de la mère et de l’enfant, que ce dernier soit adopté. Il y a eu même des cas où certaines femmes n’ont pas eu la possibilité de choisir entre garder l’enfant ou le donner en adoption. Et cela arrive aujourd’hui dans certaines cultures, dans certains pays.»
(Lors de la rencontre avec les autorités et la société civile, 27 septembre).
Sur le rôle d’une université catholique:
«Élargir les frontières et devenir un espace ouvert, pour l’homme et pour la société, est la grande mission de l’Université.»
(Lors de son discours à la KU Leuven, le 27 septembre).
«La recherche de la vérité est pénible parce qu’elle nous oblige à sortir de nous-mêmes, à prendre des risques, à nous poser des questions. C’est pourquoi, dans la fatigue de l’esprit nous sommes plus séduits par une vie superficielle qui ne pose pas trop de questions; tout comme nous attire une ‘foi’ facile, légère, confortable qui ne remet jamais rien en question.»
(Lors de son discours à la KU Leuven, le 27 septembre).
«D’un autre côté, au contraire, nous avons le rationalisme sans âme dans lequel nous risquons de retomber aujourd’hui, conditionnés par la culture technocratique qui nous conduit à cela. Lorsque l’on réduit l’homme à la seule matière, lorsque la réalité est coincée dans les limites de ce qui est visible, lorsque la raison est uniquement une raison mathématique, lorsque la raison est seulement «de laboratoire», […] disparaît cet émerveillement intérieur qui nous pousse à chercher au-delà, à regarder le ciel, à découvrir dans la vérité cachée qui traite des questions fondamentales: pourquoi est-ce que je vis? Quel est le sens de ma vie? Quel est le but ultime et la fin ultime de ce voyage?»
«Cela me rend triste quand je trouve, partout dans le monde, des universités uniquement pour préparer les étudiants à gagner ou à avoir du pouvoir. C’est trop individualiste, sans communauté.»
(Lors de son discours à L’UCLouvain, le 28 septembre).
«Chers étudiants, voulez-vous la liberté? Soyez des chercheurs et des témoins de la vérité! En essayant d’être crédibles et cohérents à travers les choix quotidiens les plus simples. Ainsi, cette université devient, chaque jour, ce qu’elle veut être, une université catholique!»
(Lors de son discours à L’UCLouvain, le 28 septembre).
Sur la place et le rôle des femmes:
«Les violences et les injustices pèsent lourd ici, ainsi que les préjugés idéologiques. C’est pourquoi il faut redécouvrir le point de départ: qui est la femme et qui est l’Église? L’Église est femme, L’Église est une femme, elle n’est pas ‘le’ Église, elle est ‘la’ Église, elle est l’épouse. L’Église est le peuple de Dieu, pas une entreprise multinationale. La femme, dans le peuple de Dieu, est fille, sœur, mère. Comme moi je suis fils, frère, père.»
(Lors de son discours à L’UCLouvain, le 28 septembre).
«Ce qui caractérise la femme, ce qui est féminin, n’est pas déterminé par le consensus ou les idéologies. Et la dignité est garantie par une loi originelle, non pas écrite sur le papier, mais dans la chair. La dignité est un bien inestimable, une qualité originelle qu’aucune loi humaine ne peut donner ou enlever. […] Rappelons que la femme est au cœur de l’événement salvifique. C’est par le ‘oui’ de Marie que Dieu en personne vient dans le monde. La femme est accueil fécond, soin, dévouement vital. C’est pourquoi la femme est plus importante que l’homme, mais il est mauvais que la femme veuille faire l’homme: non, elle est femme.»
(Lors de son discours à L’UCLouvain, le 28 septembre).
Sur le respect des frontières en Europe:
«L’Europe a besoin de la Belgique pour avancer sur la voie de la paix et de la fraternité entre les peuples qui la composent. Ce pays rappelle en effet à tous les autres que lorsque, sur la base des prétextes les plus divers et les plus insoutenables, on commence à ne plus respecter les frontières ni les traités et qu’on laisse aux armes le soin de créer le droit en contournant la loi en vigueur, on ouvre alors la boîte de Pandore et tous les vents se mettent à souffler violemment, secouant la maison et menaçant de la détruire. À ce moment de l’histoire, je pense que la Belgique a un rôle très important. Nous sommes proches d’une quasi-guerre mondiale.»
(Lors de la rencontre avec les autorités et la société civile, 27 septembre).
Sur la crise de l’Église en Occident:
«Les changements de notre époque et la crise de la foi que nous vivons en Occident nous ont poussés à revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à l’Évangile, afin que la bonne nouvelle que Jésus a apportée au monde soit à nouveau proclamée à tous, en faisant resplendir toute sa beauté. La crise – toute crise – est un temps qui nous est offert pour nous secouer, nous interroger et changer. Elle est une occasion précieuse.»
(Lors de la rencontre avec la communauté catholique de Belgique à la basilique de Koekelberg, 28 septembre).
«Nous sommes passés d’un christianisme installé dans un cadre social accueillant à un christianisme ›de minorité’, ou plutôt, de témoignage. Cela demande le courage d’une conversion ecclésiale pour initier les transformations pastorales qui touchent aussi les coutumes, les modèles, les langages de la foi, afin qu’ils soient vraiment au service de l’évangélisation.»
(Lors de la rencontre avec la communauté catholique de Belgique à la basilique de Koekelberg, 28 septembre).
Sur le besoin d’une Église des pauvres:
«L’Église a sa plus grande richesse dans ses membres les plus faibles, et si nous voulons vraiment connaître et montrer sa beauté, il nous sera bon de tous nous donner les uns aux autres comme cela, dans notre petitesse, dans notre pauvreté, sans prétention et avec beaucoup d’amour».
(Lors de sa visite à la paroisse populaire Saint-Gilles de Bruxelles, le 28 septembre).
(cath.ch/imedia/hl/rz)