Les cinq Européens que le pape va créer cardinaux électeurs
Parmi les 16 cardinaux électeurs qui seront créés le 27 août 2022, le pape François a choisi cinq Européens – deux Italiens, un Britannique, un Français et un Espagnol. Deux d’entre eux sont en poste à la Curie romaine, deux autres à la tête d’un diocèse européen – Marseille et Côme – et le dernier est missionnaire en Mongolie depuis des années.
Avec ces nominations, le pape François conforte le poids des cardinaux européens dans le collège des cardinaux électeurs puisqu’ils représenteront 42% du collège après le prochain consistoire.
Mgr Oscar Cantoni, évêque de Côme (Italie)
C’est peut-être pour consoler un diocèse éprouvé et encourager un évêque qui «sent l’odeur de son troupeau» que le pape François a choisi d’élever Mgr Oscar Cantoni, 71 ans, à la pourpre cardinalice.
Né en 1950 dans la province italienne de Côme, au nord de Milan, Oscar Cantoni a été ordonné prêtre en 1975 pour son diocèse. Fondateur puis directeur du centre pour les vocations et professeur d’éducation religieuse dans les écoles secondaires de la région, il contribue notamment à la naissance et au développement de l’Ordo Virginum, une association de vierges consacrées. En 1990, il devient directeur spirituel au séminaire diocésain et s’y consacre pendant quinze ans. Vicaire épiscopal pour le clergé de Côme durant deux ans, il est nommé en 2005 évêque du diocèse de Crema, au sud de Milan. En 2016, le pape François lui demande finalement de revenir prendre les rênes de son diocèse d’origine.
Homme de terrain, à l’initiative de multiples projets de charité, l’évêque poursuit la dynamique missionnaire enclenchée auprès des jeunes notamment et des plus démunis. En 2020, un de ses prêtres est assassiné par une personne de la rue dont il prenait soin. L’événement bouleverse l’Italie et le pape s’en émeut lors d’une audience générale. La couleur rouge que le futur cardinal Cantoni portera le 27 août prochain lors du consistoire sera pour lui un symbole d’autant plus fort.
Mgr Arthur Roche, adjoint puis successeur du cardinal Sarah
Mgr Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, est un archevêque britannique de 72 ans. Ordonné en 1975 pour le diocèse de Leeds, au nord de l’Angleterre, il devient à partir de 1994 le secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles. En 2001, Jean Paul II le nomme évêque auxiliaire de Westminster, puis en 2002 évêque coadjuteur de Leeds. La même année, il devient président de la Commission internationale pour l’anglais dans la liturgie. À ce poste, il supervise la nouvelle traduction du Missel romain en anglais.
En 2012, Benoît XVI l’appelle à Rome et le nomme secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Il devient alors le numéro 2 du dicastère auprès du cardinal Antonio Cañizares Llovera jusqu’en 2014 et le remplacement de ce dernier par le cardinal Sarah, nommé par le pape François. Après qu’il ait succédé au cardinal guinéen en mai 2021, les premiers mois de Mgr Roche à la tête du dicastère pour la liturgie ont notamment été marqués par la publication du motu proprio du pape François Traditionis Custodes, restreignant les conditions de célébration de la messe tridentine.
Mgr Fernando Vérgez Alzaga, une expérience de 50 ans au sein de la Curie
Mgr Fernando Vérgez Alzaga, 77 ans, est un évêque peu médiatique mais reconnu pour son expérience, sa loyauté et son incorruptibilité. Il a été nommé le 1er octobre 2021 président de la Commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican et président du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican alors qu’il avait déjà dépassé la limite d’âge théorique des 75 ans. Cet Espagnol, membre des Légionnaires du Christ, travaille à la Curie romaine depuis 50 ans: il est en effet entré sous Paul VI, en 1972, comme assistant à la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les sociétés de vie apostolique.
Il a ensuite exercé d’autres missions, notamment au Conseil pontifical pour les laïcs, à l’Administration du patrimoine du Siège apostolique, comme chef du Bureau internet du Saint-Siège et enfin comme directeur des télécommunications. En 2013, le pape François l’a nommé secrétaire général du Gouvernorat, l’ordonnant évêque, alors que cette charge essentiellement administrative n’est pas forcément épiscopale: sa succession à ce poste est actuellement assurée par une religieuse italienne, sœur Raffaella Petrini. Devenu président du gouvernorat à la suite du cardinal Bertello, il assure une continuité au sein de cette structure chargée d’administrer le territoire physique de la Cité du Vatican.
Un tout jeune évêque en mission en Mongolie
Mgr Giorgio Marengo est né le 7 juin 1974 à Cuneo, en Italie, mais comme religieux missionnaire de la Consolata, il vit en Mongolie depuis plus de 20 ans. Ce tout jeune évêque, à peine ordonné en 2020, aura 48 ans au moment du consistoire. Docteur en missiologie, le missionnaire, ancien scout, a fréquenté entre autres l’Université pontificale grégorienne et l’Université pontificale Urbanienne à Rome. Il a fait sa profession perpétuelle le 24 juin 2000 et a été ordonné prêtre le 26 mai 2001. Après son ordination sacerdotale, il est envoyé en Mongolie à Arvaiheer, comme premier missionnaire de la Consalata dans le pays d’Asie centrale. Il devient en 2016 conseiller régional Asie et supérieur pour la Mongolie.
Le 2 avril 2020, le pape François le nomme préfet apostolique d’Oulan-Bator, l’élevant au rang d’évêque. Son ordination épiscopale s’est déroulée à Turin le 8 août, en présence du cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. Dans un entretien à Vatican News, le missionnaire a indiqué réaliser un ministère du «chuchotement» dans ce pays de steppes à la plus faible densité de population au monde (2 habitants/km²), qui compte 1’300 baptisés sur 3,5 millions d’habitants. Le cardinal désigné représentera aussi un pays stratégique pour la diplomatie vaticane, situé aux confins de la Russie et de la Chine – deux géants avec lesquels les relations bilatérales sont délicates et dont le pape François souhaite se rapprocher.
Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
En choisissant d’élever au plus haut rang de l’Église catholique ce natif d’Algérie, le pape signifie son estime pour un prélat défenseur d’une «Méditerranée heureuse» où les migrations sont d’abord un enrichissement.
À 63 ans, Mgr Jean-Marc Aveline rejoint les quatre autres cardinaux français âgés de moins de 80 ans et qui auraient donc la charge d’élire un nouveau pape en cas de conclave – Dominique Mamberti, Philippe Barbarin, Jean-Pierre Ricard et André Vingt-Trois.
En avril 2021, Mgr Aveline avait rencontré le pape François durant près d’une heure en tête-à-tête. «Une première», avait-il confié, au sortir d’une audience où les deux hommes avaient largement évoqué la «théologie de la Méditerranée». Une idée selon laquelle le dialogue et les échanges entre les peuples du pourtour méditerranéen doivent permettre de déployer «une grande tente de paix». (cath.ch/imedia/ak/cv/hl/rz)